Ces spectacles seront présentés en juillet 2008 à Alger (Palais de la culture) et Tizi Ouzou... Après le succès d'El Machina en 2006 (diffusion au TNA d'Alger dans le cadre de «Alger, capitale de la culture arabe»), et Souffles d'El Djazaïr en 2007, la compagnie théâtrale indépendante El Gosto, qui vise le développement du théâtre arabe contemporain, remet ça. Le metteur en scène algérien Ziani Cherif Ayad propose actuellement et jusqu'au 16 mars prochain à Marseille, deux mises en espace dédiées à Kateb Yacine, et ce, en prélude à sa prochaine création théâtrale consacrée au père de Nedjma et auteur du Polygone étoilé. La première mise en scène est celle de l'essai biographique Kateb Yacine, le coeur entre les dents, signé par l'universitaire Benamar Mediène, ami et confident de Kateb Yacine. Elle a pour interprète le grand comédien Sid-Ahmed Agoumi. La seconde mise en scène a pour base Lettres à Lucette, un échange de correspondances entre Bachir Hadj Ali et son épouse durant la période d'incarcération du militant-poète. Elle est assurée par Amel Himeur ayant déjà interprété le rôle de Nedjma (dans le cadre de «Djazaïr 2003», année de l'Algérie en France) et Noureddine Saoudi. Ces deux spectacles seront présentés dans les deux versions bilingues, arabe et français. Ils seront présentés au mois de juillet prochain à Alger (Palais de la culture) et à Tizi Ouzou. Ils s'inscrivent dans le cadre d'un projet de partenariat initié entre Alger et Marseille par «El Gosto Théâtre», fondé par Ziani Cherif Ayad, et la compagnie «la Friche la Belle de Mai» de Marseille. Un espace auxquel rares sont les artistes algériens qui ont pu y accéder. Ce lieu, pour info, abrite les décors de la série télé qui fait fureur actuellement en France, Plus belle la vie. Ce partenariat entre El Gosto et le théâtre et la Friche la Belle de Mai remonte en effet à 2003.Ziani Cherif Ayad avait initié ses collaborations avec Marseille, à l'occasion de cette manifestation phare de cette année, en permettant à la troupe El Moudja de Mostaganem de présenter en arabe son spectacle Les porteurs d'eau de Kaki, alors que le théâtre phocéen La Criée accueillait Nedjma mise en scène par Ziani Cherif Ayad, en coproduction avec le Théâtre national d'Alger. Fort de la découverte de nouvelles dramaturgies et d'un nouveau public, Philippe Foulquié, directeur du théâtre Massalia et de «la Friche la Belle de Mai», a donné son accord à l'offre de Ziani de développer un partenariat durable entre les deux rives. C'est ainsi qu'un accord a été signé pour une période de trois ans (2005-2008), afin de laisser à la compagnie El Gosto le temps de trouver ses marques, son public et asseoir son indépendance. Ces actions de partenariat permettant entre autres la création, la diffusion de spectacles, ouvre le champ au montage de résidences d'auteur, l'édition, la formation, etc. Aussi, il a été décidé de consacrer l'année 2008 à la découverte de Kateb Yacine par la mise en espace des oeuvres de Benamar Mediène et de Bachir Hadj-Ali notamment. Afin de promouvoir l'émergence de nouvelles écritures théâtrales arabes, El Gosto entend ainsi reprendre et continuer le travail des pères fondateurs (Ould Abderrahmane Kaki, Saâdallah Ouannouss, Kateb Yacine, Abdelkader Alloula...) en confrontant leurs patrimoines littéraires et dramaturgiques aux formes d'expression populaires traditionnelles. Parmi les autres projets, on peut citer la production d'une nouvelle pièce de théâtre L'étoile et la comète par Areski Mellal, toujours autour de l'oeuvre de Kateb Yacine. Celle-ci est programmée à La Friche la Belle de mai pour l'automne prochain. Dans le cadre de ce partenariat, les deux parties comptent organiser en collaboration avec la Maison méditerranéenne des sciences de l'homme d'Aix-en-Provence, un séminaire sur la vie et l'oeuvre de Kateb Yacine et qui portera sur le rapport entre l'écrivain et la société algérienne au lendemain de la Seconde Guerre mondiale et sur l'écriture face à l'histoire et à l'actualité dans l'oeuvre de Kateb Yacine. Un autre projet retenu est intitulé Café du bonheur. Il raconte l'histoire des chansonniers qui ont marqué des générations d'Algériens. Ces artistes improvisent sketchs et chansons humoristiques qui parlent d'injustice, de misère, d'oppression, d'analphabétisme et d'autres maux sociaux, souvent résultant du système colonial. Dans le rire et la dérision, la satire et le burlesque, envers et contre tout, les chansonniers, à l'instar de Rachid Ksentini, Allalou, Rouiched mettaient un peu de joie, dans la foi qu'un jour l'espoir renaîtra avec le recouvrement de l'Indépendance. Aujourd'hui, Ziani Chérif Ayad décide de faire renaître ce théâtre pour le faire découvrir aussi à la nouvelle génération, l'extirper de l'oubli et ainsi préserver sa mémoire, ce patrimoine qui tend à péricliter jour après jour...Même si il est temps aussi d'apporter un souffle nouveau à ce théâtre par l'introduction de nouveau textes de qualité. Mais cela est une autre histoire...