La première journée de protestation des chauffeurs de taxi collectif n'a pas a été relativement suivie. Le mouvement de grève de deux jours intervient à la suite du mot d'ordre lancé par le syndicat autonome des chauffeurs de taxi pour protester contre les mesures, jugées «répressives», de la direction des transports d'Alger. Une virée aux stations principales de taxis collectifs, notamment celles des places Audin et 1er-Mai, nous a permis de constater cela de visu. Il était 12h 30 lorsque nous sommes arrivés à la place Audin. Bien que le soleil soit à son zénith, des centaines de citoyens se pressaient dans l'attente d'un taxi. Quelques-uns étaient stationnés sur le bas-côté avec le cache mis sur leur enseigne. Mais contrairement aux apparences, beaucoup ne faisaient que se reposer en attendant de reprendre le travail. L'un d'eux nous révèle que «les contestataires sont venus le voir pour l'inciter à faire grève sans résultats». Questionné sur son refus, notre interlocuteur ajoute: «Je suis contre le syndicat des chauffeurs de taxi.» Son confrère nous lance: «Hier, j'ai suivi le mot d'ordre, mais aujourd'hui et après avoir constaté que des collègues ont été exposés à des mesures répressives par les agents de l'ordre, j'ai décidé de reprendre le travail.» Il nous explique que la direction des transports a exigé des chauffeurs de taxi la remise de leurs papiers en vue d'y faire mentionner la ligne qui leur sera dévolue. Les citoyens, eux, semblent se désintéresser totalement du sujet. Un jeune, qui attendait tranquillement son tour, nous informe qu'il n'est pas au courant de la protestation des taxieurs place. Il ajoute que cela fait une heure qu'il attend un taxi. Quant à sa voisine, elle souligne que dans le cas où la direction appliquerait ces mesures, le mieux à faire serait de prendre le bus. Dès notre arrivée à la station du 1er-Mai, nous avons été assaillis de conducteurs grévistes qui ont tenu à exprimer leur grogne vis-à-vis de la direction des transports l'accusant carrément de verser dans «le terrorisme administratif» tout en déclarant qu'ils ne lâcheront pas prise de sitôt. Et d'ironiser que le directeur n'est pas un usager des taxis, sinon il n'aurait pas émis de telles mesures. Il est à signaler que la présence des citoyens était moindre, sans doute à cause de la grève. L'un d'eux nous a même confié que les taxieurs n'ont que ce qu'ils méritent, depuis le temps qu'ils exercent leur diktat sur les citoyens.