La Syrie a été soumise vendredi à Genève à de nombreuses critiques pour sa première apparition devant le Conseil des droits de l'homme de l'ONU dans le cadre de l'examen périodique universel (EPU). De nombreux pays occidentaux, ainsi que le Brésil, ont demandé à Damas d'autoriser l'entrée sans entrave dans le pays de la commission d'enquête internationale indépendante chargée par l'ONU en août dernier d'enquêter sur les violations des droits de l'homme en Syrie. Pour sa part, la France a appelé la Syrie « à entendre les demandes de la communauté internationale en mettant immédiatement un terme à la répression et au climat de terreur qu'elle a imposés à sa propre population ». « La Haut commissaire aux droits de l'homme a elle-même estimé que certains des crimes commis pourraient être qualifiés de crimes contre l'humanité », a relevé le représentant permanent de la France auprès de l'ONU, Jean-Baptiste Mattei. Le Royaume-Uni et les Etats-Unis ont également demandé la libération immédiate et sans condition de tous les prisonniers politiques. « Un gouvernement qui ne respecte pas la volonté de son peuple, nie les droits fondamentaux de ses citoyens, et choisit de gouverner par la terreur et l'intimidation, ne peut pas être considéré comme légitime et doit démissionner immédiatement », a déclaré l'ambassadrice américaine Betty King. Alors que de nombreux ambassadeurs ont fait part des allégations de tortures, de disparitions forcées et de violences exercées à l'encontre de la population par des policiers, le représentant syrien a rejeté ses accusations, affirmant que les forces de police n'étaient même pas armées. Le président de la délégation syrienne, le vice-ministre des Affaires étrangères Faysal Mekdad, a également dit que les autorités avaient « utilisé les chars lorsque l'on a constaté que les policiers n'étaient pas équipés » pour se défendre des manifestants. Il a également indiqué que Damas s'apprêtait à donner à l'ONU une liste de 1.100 personnes, dont des policiers, « qui ont été tuées par des terroristes ». La Syrie a obtenu le soutien du représentant russe qui a fait valoir que « l'opposition préfère recourir à l'usage des armes », relevant en revanche les « mesures prises » par Damas « en vue d'étendre la liberté des citoyens ». La Chine a souligné pour sa part le principe de non-ingérence dans les affaires intérieures d'un pays. Le représentant chinois s'est avoué néanmoins « préoccupé par la tournure des évènements » et a appelé « toutes les parties à faire preuve de retenue ». Pékin a également demandé à Damas d'oeuvrer pour « la mise en place d'un processus politique » qui n'exclut aucune partie. « Le gouvernement devrait entreprendre des réformes dans le plus bref délai » en ce sens, a-t-il insisté.La répression du mouvement de contestation a fait, selon l'ONU, plus de 2.900 morts depuis le 15 mars en Syrie. L'Examen périodique universel (EPU) est une procédure à laquelle tous les membres de l'ONU doivent se soumettre. Suite aux débats qui ont eu lieu vendredi, un rapport sera établi qui sera présenté mardi pour adoption par le Conseil.