Djilali Beskri est producteur, (Dynamique Art Vision). Il est l'encadreur de l'atelier sur le film d'animation au Fibda. Il nous parle de sa vision quant à l'avenir de cette discipline prometteuse selon lui, en Algérie... L'Expression: Pourquoi cette année mettre en place un atelier de film d'animation pour les professionnels? Djilali Biskri: Lors des éditions précédentes, nous avions déjà initié et formé des gens. Certains sont devenus des réalisateurs mais d'autres sont restés dans l'expectative, ils ne comprennent pas. Former en deux ou trois jours des gens dans le film d'animation c'est très prétentieux, ce n'est pas très sérieux. Donc, on a essayé de voir les choses autrement, c'est-à-dire de réunir les professionnels. Pas tous malheureusement. Il y a eu un appel du Fibda. Des gens sont venus, d'autres se sont absentés. C'est à partir du making of du spot du Fibda qu'on leur explique comment ça marche. Le spot a fait dans les techniques de l'animation. En deux D, entièrement en animation. Nous avons réuni du beau monde, parmi eux des gens qui font de l'animation, d'autres viennent des beaux arts mais aussi des free-lance, des autodidactes et des jeunes réalisateurs même de la télé. On leur a dit: voilà comment on fait un film d'animation. Et à partir de certaines scènes, ils apprennent à connaître toutes les étapes à suivre ainsi que la situation de l'animation dans le pays. Ce qui se fait ailleurs et ce qui se fait en Algérie. En leur disant voilà la situation, vous réfléchissez. On leur pose la question, à savoir: est-ce qu' en tant qu'artistes vous voulez vous professionnaliser dans le domaine et êtes-vous capables de glisser de la bande dessinée vers le dessin animé? La possibilité existe si on a le talent. Maintenant on prend des jeunes cinéastes et on leur dit: est-ce que cela vous intéresse de faire des films d'animation, voilà comment on le fait, car il ne suffit pas de savoir dessiner pour devenir réalisateur de film d'animation... Donc, des dessinateurs peuvent faire du film d'animation et vice versa? Bien sûr, tous les grands films d'animation ont été confiés à des cinéastes par des gens qui savent dessiner, c'est un talent d'accord, pas uniquement et simplement pour devenir réalisateur mais pour s'imprégner de ce métier qui est un métier professionnel très intéressant. Dans le sens où il y a une dynamique de production. Pensez-vous qu'un bon dessinateur de BD est prédisposé à aller vers la caméra? Un story-board maintenant c'est tout. N'importe quel cinéaste qui se respecte et qui veut faire un travail et veut se rapprocher de l'architecture de son film le plus fidèlement possible pour qu'il n'y ait pas de dispersion, est obligé de faire appel à un story-board et ce dernier ne peut être fait que par des artistes, des gens qui viennent du cinéma ou de la bande dessinée ou encore de beaux-arts. Il s'agira de transcrire le plan du texte en image, donner le visuel, il devient un outil indispensable pour n'importe quel cinéaste pour réussir son film. Le cinéma moderne est indissociable du story-board. Peut-on connaître les profils des membres participant à votre atelier? Je précise encore une fois que cela s'adresse à des jeunes réalisateurs de films d'animation, ensuite aux jeunes réalisateurs qui veulent débuter dans le cinéma. Ensuite aux gens qui veulent glisser de la bande dessinée au professionnel de l'animation et aux beausaristes, pas spécialement pour devenir réalisateur mais pour travailler dans l'industrie des dessins animés car on peut considérer que c'est une industrie qui peut engendrer une réelle plus-value. Les débats ont été d'une franchise extraordinaire. Il y avait parmi les participants, Mohamed Razala qui est le président de film d'animation d'Afrique, qui appartient à l'une des plus grandes associations du monde Assifa qui lui, veut donner aussi une impulsion dans son pays. On essaie de réfléchir ensemble comment aller de l'avant et comment donner une dynamique. Le problème dans le film d'animation est l'explication et la sensibilisation des décideurs parce que je tiens à signaler que la Corée du Sud ramène une plus-value qui dépasse les cinq cents millions de dollars chaque année, l'Inde arrive à dépasser les milliards de dollars, la Chine maintenant arrive en force alors qu'en Algérie nous avons autant d'artistes que vous ne pouvez même pas imaginer qu'ils sont à quelques pas du monde. Voyez les Européens, ils font leur travail dans leur pays là, et l'Algérie est très bien placée, elle a des artistes suffisamment compétents. Le film d'animation souffre d'un manque de production chez nous, le marché est très demandeur. Les enfants sont les premiers consommateurs, ensuite viennent les ados, et les adultes, donc c'est un marché qui est potentiellement demandé à travers le monde. Que faut-il faire à votre avis pour le faire rayonner en Algérie et dans le monde? Quiconque veut faire de la qualité et trouve un thème universel suffisamment intéressant pour drainer un maximum de public peut placer son produit dans n'importe quelle télé au monde. Les répercussions du film d'animation sont grandes plus que les films classiques car les films d'animation ce sont les nouvelles technologies, ce sont les films d'aujourd'hui et de demain et qui vont se perfectionner de jour en jour. Cette industrie peut se répercuter sur tous les autres secteurs, tel que l'enseignement, à l'école, dans les lycées, les universités, les projets économiques, la médecine, tous ces secteurs sont demandeurs de cette technologie alors que cette dernière, les Algériens l'ont apprise par leurs propres moyens parce qu'il n'y pas d'école en Algérie, la seule qui existe dans l'enseignement du film d'animation est en Egypte, mais elle reste dans un cadre très classique. Elle n'utilise pas les grandes technologies alors que les Algériens l'ont apprise par eux-mêmes. Ils sont autodidactes. Nous avons fait la preuve avec le film Papa N ́Zounou qui a été montré et apprécié au Cameroun. Il vient d'avoir le premier prix là-bas. Première participation, premier prix alors, vous imaginez si on peut faire plusieurs concours, on peut rafler plusieurs prix en Afrique. Qui a fabriqué ce film? Ce sont des Algériens et ces derniers ne demandent que la possibilité de pouvoir s'exprimer. Il y a un déséquilibre dans la répartition des moyens d'expression pour cette forme d'art. Elle est désavantagée par rapport au cinéma. Elle est méconnue car elle est incomprise car on ne connaît pas sa véritable portée artistique et au-delà, sa portée stratégique. Parce que ce domaine ne réunit pas uniquement les cinéastes mais aussi les programmeurs, les informaticiens, les chercheurs, tout le monde peut travailler dans ce secteur. C'est le seul domaine qui peut réunir tout ce beau monde à la fois, pour arriver à un produit de qualité.