Ces tensions étaient perceptibles depuis la rencontre des élus FLN de la région. «L'administration a franchi la ligne rouge et nous dénonçons ses pratiques qui sont héritées du colonialisme», avait affirmé à Sidi Bel Abbes Abdelkader Sallat, ministre chargé de la Réforme pénitentiaire et membre du bureau politique. Ces propos sont corroborés par les militants partisans de Benflis qui avaient empêché jeudi, à Oran, aux complexes Les Andalouses, la tenue d'un conclave de délégués venus des différentes wilayas de l'Ouest. Ces derniers ont d'ailleurs affirmé qu'une plainte sera déposée contre le secrétaire général et le wali d'Oran pour avoir délivré une autorisation au nom du parti pour la tenue de cette rencontre. Ces tensions étaient perceptibles depuis le congrès des élus FLN de l'Ouest, qui devait se tenir au mois de mai dernier, mais qui avait été «torpillé» par l'intervention musclée de Si Afif et de fiers-à-bras recrutés parmi des bandes de malfaiteurs qui sévissent dans la corniche de Mostaganem. Plusieurs griefs sont retenus contre l'administration qui aurait versé, selon les déclarations de plusieurs fidèles à Benflis, dans un jeu malsain et perfide. «C'est sur la base d'une demande formulée par une association pour la tenue d'une manifestation scientifique que l'autorisation a été accordée», dira le coordinateur de la mouhafadha d'Oran. Si Afif, flanqué d'un élu FLN à l'APW, dont on dit proche des thèses de ce que la vox populi désigne sous le vocable du clan de Oujda a tenté de parlementer avec les fidèles de la ligne, mais sans résultat. La bataille rangée qui avait éclaté après moult palabres n'était que le résultat de rancoeurs longtemps contenues, Mostaganem et Oran ne furent que des étapes dans les tentatives vaines de faire main basse sur les représentations locales du parti. Des témoignages sont venus confirmer ce qui se disait à propos de l'attaque contre la kasma 7 du FLN. Les «félons» voulaient l'occuper pour en faire une base à partir de laquelle seraient menées les manoeuvres visant la destabilisation. Les élus du FLN, présents ce jour-là, avaient mis en garde les exclus du FLN venus attaquer la kasma, de toute tentative de récidiver. Lors d'une assemblée de l'APW, les luttes s'étaient exacerbées au point que les clivages devenaient apparents entre des militants «félons», issus pour la plupart de Oujda et ceux des autres wilayas du pays qui perçoivent très mal les tentatives d'hégémonie du clan de Si Afif aujourd'hui tenu pour responsable de tous les coups tordus subis par le FLN à l'Ouest. A Sidi Bel Abbes, Abdelkader Sallat a vertement tancé l'administration et les pouvoirs publics coupables à ses yeux d'avoir fomenté un complot contre l'intégrité d'un parti souverain. «Nous ne nous laisserons pas faire et nous défendrons notre honneur jusqu'au bout», dira M.Sallat. Les observateurs s'accordent à dire que les anti-Benflis usent de la carte du régionalisme pour tenter de gagner d'autres militants à leur cause. C'est du moins le même stratagème utilisé à l'Est, comme levain pour la contestation. Cette thèse est réfutée par les partisans de Benflis qui avouent que les premiers comités de soutien à l'élection de Bouteflika avaient été installés, à l'époque à l'Est et ses meilleurs résultats, il les avait réalisés dans cette région. M.Sallat abondera dans le même sens en révélant que cet argument utilisé pour casser le parti n'est pas solide et ne tient pas la route, «Moi je suis de Sidi Bel Abbes mais je suis légaliste et je ne verserais jamais dans ces luttes d'arrière-garde héritées du colonialisme», dira-t-il. Les adversaires de Ali Benflis ont perdu une bataille décisive dans la région Ouest du pays. Ils voulaient faire de la rencontre d'Oran une rampe de lancement vers la conquête d'autres régions du pays. Leurs rangs se sont retrouvés laminés après les défections de certains délégués invités et après la fuite des organisateurs du conclave à la vue des fidèles de Benflis venus empêcher la tenue de ce qu'ils qualifiaient la veille de précongrès régional du FLN originel.