«Pour une femme de ce tempérament, je m'attendais à ce qu'elle soit nommée ministre de la Défense.» Des nouveaux, on n'en retiendra que trois. Trois «outsiders» qui font leur entrée dans le gouvernement nommé avant-hier par Abdelaziz Bouteflika. D'abord cette volcanique Boutheina Chériet, la toute nouvelle ministre déléguée chargée de la Famille et de la Condition féminine. Lors de ses séjours aux Etats-Unis, elle activait au sein d'organismes de promotion et de défense de la femme et de la famille. Universitaire de renom, enseignante à l'Institut d'interprétariat de la Faculté d'Alger et grande militante des droits de la femme. Ses étudiants parlent d'une prof «exceptionnelle» et d'une battante. «Pour une femme de ce tempérament, je m'attendais à ce qu'elle soit nommée ministre de la Défense», confie un des ses étudiants. Ali Benflis lui-même tenait beaucoup à paraître en public accompagné de cette brune aux yeux étincelants. Députée FLN sur la liste d'Alger, elle est à ses côtés le lendemain, le jour de la proclamation des résultats le 31 mai, au Centre international de presse. Quelques observateurs l'avaient pressentie au département de l'Enseignement supérieur, mais il semble que son long combat pour les droits de la femme l'ait désignée pour son poste actuel. On l'appelle Hamid. A El-Harrach, dans la banlieue Est de la capitale, tout le monde, ou presque, connaît son cabinet médical à la cité des HLM. Le docteur Abdelhamid Abad, nommé ministre de la Formation et de l'Enseignement professionnels, est un médecin de famille de «bonne famille», n'arrête-t-on pas de souligner dans son entourage. Son plus à lui, c'est une bonne connaissance de ce que les «élites» appellent «l'Algérie d'en bas». Ce fils de la Petite Kabylie a réussi à se faire une bonne réputation : compétence et «correction». Le successeur de Karim Younès, aujourd'hui président de l'APN, devra mettre son profil de oulid familia et son capital professionnel au service de la Formation professionnelle, un secteur cher à Bouteflika et à son Chef du gouvernement. Abdelkader Sallat, avocat, député FLN de Sidi Bel Abbes. Il est nommé ministre délégué auprès du ministre de la Justice chargé de la Réforme pénitentiaire. Ce bâtonnier de Sidi Bel Abbes est connu pour sa droiture. «Cet homme n'a pas fait des affaires comme quelques-uns de ses confrères», note une source de Sidi Bel Abbes. Le FLN local avait misé gros en s'appuyant sur cette figure de la région pour les élections législatives. Le secteur dont il a désormais la charge, requiert toute la compétence et surtout la fermeté. Les incidents dans les prisons durant les derniers mois devraient sensibiliser les pouvoirs publics et en premier lieu Bouteflika lui-même. La nouvelle prison de Sidi Bel Abbes, appelé «Sheraton», a connu notamment une minimutinerie dans la même période.