Ils évoquent une “série d'entraves” qu'ils estiment destinées à “saboter” les prétendants à la candidature. L'instruction portant sur la collecte et la légalisation des signatures au profit des candidats à la prochaine présidentielle, adressée par le ministre de l'intérieur, le 10 janvier dernier, aux walis et aux directeurs de l'administration locale, a été vivement critiquée par les postulants à la magistrature suprême. L'instruction est “une série d'entraves inutiles, où l'administration s'érige en censeur pour saboter les candidats autres que Bouteflika”, ont martelé Rachid Benyellès, Abdesslam Ali Rachedi et Abdelkader Sallat, représentant du parti de Ali Benflis. Ils qualifient “d'entraves” le procédé selon lequel l'administration exige à la fois la carte d'électeur et la résidence des signataires en faveur du candidat de leur choix. Nos trois interlocuteurs estiment que cette disposition est intempestive puisque “l'opération consistant à authentifier les signatures des candidats est une prérogative du Conseil constitutionnel et pas de l'administration”. La transmission quotidienne des listes des signataires par candidat au ministère de l'intérieur est également dénoncée par Benyellès, Ali Rachedi et le représentant de Ali Benflis. De l'avis de Abdelkader Sallat, l'ex-ministre chargé de la réforme pénitentiaire et des affaires juridiques au FLN, cette mesure s'apparente à une “pression indirecte sur les citoyens pour les dénoncer d'avoir signé pour tel ou tel candidat”. Si pour le général à la retraite Rachid Benyellès, cette mesure est “tout bonnement scandaleuse”, aux yeux d'Ali-Rachedi, il s'agit d'“une pratique policière destinée à intimider les citoyens, pour les décourager et les dissuader d'aller donner leur signature”. Individuellement, nos trois interlocuteurs constatent des anomalies sur le terrain. Rachid Benyellès dénonce, à cet égard, la contradiction entre le contenu de l'instruction et son application dans les communes : “Au moment où le ministère de l'intérieur dit qu'il faut démultiplier les centres, où la légalisation se fait, on constate dans plusieurs wilayas la fermeture de nombreuses annexes à cette légalisation”. Ce qui crée, martèle-t-il, “des chaînes interminables au niveau des APC qui dissuadent forcément les citoyens d'aller donner leur signature”. Ce même reproche est également exprimé par Abdesslam Ali-Rachedi. “L'application de l'instruction diffère d'une wilaya à une autre”, dit-il, tout en précisant que “les walis n'en font qu'à leur tête, puisqu'à Oran mes imprimés n'étaient disponibles que dimanche dernier, alors que leur retrait a été effectué dix jours auparavant”. L'autre anomalie relevée par l'ex-député FFS est le black-out fait autour de cette instruction. “si effectivement la loi donne la prérogative au gouvernement de préciser par voie réglementaire les modalités pratiques des élections, il n'en demeure pas moins que si instruction il y a, elle doit être portée à la connaissance des candidats”, relève le président d'Essabil. Le FLN dénonce, quant à lui, la limitation du nombre de formulaires délivrés aux candidats à la présidentielle. “La délivrance des imprimés qui est limitée pour un parti comme le FLN, nous la considérons comme une façon de nous bloquer”, martèle Sallat. Les autres candidats contactés se sont, par ailleurs, déclarés “non concernés” par l'instruction de Zerhouni tant qu'ils n'en ont pas encore été destinataires. N. M.