Les combats entraient mardi dans leur phase finale à Syrte où les forces du nouveau régime s'apprêtaient à prendre les derniers quartiers aux mains des hommes fidèles au leader déchu Mouammar Kadhafi, après un mois de siège sanglant. Le Conseil national de transition (CNT), l'ex-rébellion qui a renversé le régime Kadhafi, attend la chute de Syrte pour proclamer la libération totale de la Libye, ouvrant la voie à la formation d'un gouvernement chargé de gérer la période de transition jusqu'à la tenue d'élections générales. Outre cette région d'origine de Mouammar Kadhafi qui a gouverné le pays pendant 42 ans, les forces du CNT tentent de prendre l'autre principal bastion du régime déchu, Bani Walid; qui, espèrent-elles, tombera dans le sillage de la chute de Syrte. «Il nous reste encore deux kilomètres carrés à prendre pour libérer totalement la ville», a déclaré à Syrte, à 360 km à l'est de Tripoli, le commandant du front est et chef de la brigade «Libye libre», Wissam ben Ahmed. «Mais notre problème ce sont surtout les familles dont beaucoup ont peur de quitter leurs maisons, utilisées par les tireurs embusqués pour se cacher et comme postes de tirs», a-t-il souligné, au lendemain de l'annonce par un autre commandant que 90% de la ville était sous leur contrôle. Les forces du CNT sont à moins d'un kilomètre de la place centrale autour de laquelle se poursuivent des combats de rue à l'arme automatique, selon les agences. Les combattants se regroupaient avant d'attaquer; près d'une mosquée, une vingtaine de véhicules étaient garés alors que leurs passagers préparaient leurs armes. La prise de cette place permettra au CNT d'annoncer le contrôle de la ville même si quelques poches de résistance subsistaient. Venant de l'Est et de l'Ouest, les forces du CNT ont progressé dans la ville, au lendemain de la conquête de plusieurs bâtiments stratégiques, comme l'Université et le centre de conférences de Ouagadougou qui étaient utilisés par les snipers des pro-Kadhafi pour ralentir l'avancée du camp adverse. Le principal hôpital est également désormais sous leur contrôle. Elles ont sécurisé chaque maison, sous le feu des bombardements d'artillerie lourde et de nombreux tireurs embusqués, selon les médiats. Des combattants récupéraient les armes abandonnées et regroupaient femmes, enfants et vieillards, souvent choqués et hagards, pour les évacuer vers l'arrière. Les hommes en âge de combattre faisaient l'objet de fouilles et d'interrogatoires. Dans les rues ravagées par la bataille et jonchées de véhicules calcinés, chaque maison était criblée d'impacts de balles ou de bombardements et des traces de sang étaient visibles dans tous les bâtiments. La bataille de Syrte, ville symbole à laquelle les forces du CNT ont donné l'assaut le 15 septembre, a coûté la vie à des centaines de personnes. Les combats de ces derniers jours ont fait près de 70 morts et des centaines de blessés parmi les forces du CNT, selon le personnel des hôpitaux de campagne hors de la ville. Les observateurs ont vu plusieurs cadavres au fur et à mesure de l'avancée des anti-Kadhafi. Dans l'autre principal bastion pro-Kadhafi, l'oasis de Bani Walid à 170 kilomètres au sud-est de Tripoli, les commandants sur le terrain tentent de remettre de l'ordre parmi leurs troupes avant une nouvelle offensive après plusieurs cafouillages qui leur ont coûté des dizaines de morts. Les combattants du CNT mobilisés eux aussi depuis près d'un mois sur le front à Bani Walid, attendent la chute de Syrte, pour recevoir les renforts nécessaires pour lancer l'assaut final. Pour le secrétaire général de l'Otan, Anders Fogh Rasmussen, l'opération internationale militaire en Libye dirigée depuis fin mars par l'Alliance atlantique et destinée à neutraliser la machine de guerre du régime déchu est «proche de la fin». M. Rasmussen a répété que l'ancien homme fort Mouammar Kadhafi, en fuite depuis la chute de son régime le 23 août, n'était «pas une cible». Le conflit dans ce riche pays pétrolier a débuté le 15 février par une révolte populaire contre le régime qui s'est transformée en guerre civile. Plus de 25.000 personnes y ont péri, selon le chef du CNT Moustapha Abdeljalil.