L'horizon s'est dégagé mercredi pour le nouveau système anti-crise de la zone euro (Fesf), après l'annonce d'un accord sur la question au Parlement slovaque, tandis que la Commission européenne est montée au créneau pour appeler à une recapitalisation «d'urgence» des banques. Au lendemain de son rejet au Parlement slovaque, quatre partis politiques du pays se sont mis d'accord pour soutenir le renforcement du Fesf dans un nouveau vote qui interviendra vendredi au plus tard, a annoncé le chef du parti d'opposition sociale-démocrate Smer-SD, Robert Fico. En rejetant mardi soir lors d'un premier vote le renforcement de la capacité de prêts du Fonds de secours financier pour les pays en difficulté de la zone euro, les députés slovaques avaient infligé un coup d'arrêt aux efforts européens pour stopper la contagion de la crise de la dette. Les présidents de l'Union européenne et de la Commission européenne, Herman Van Rompuy et José Manuel Barroso, ont appelé mercredi «tous les partis au parlement slovaque à dépasser les considérations politiques à court terme et à utiliser la prochaine occasion pour adopter rapidement un nouvel accord». La Slovaquie est le dernier des 17 pays de la zone euro à devoir approuver l'élargissement à 440 milliards d'euros de ce filet de sécurité pour les pays en difficulté, décidé sur le principe le 21 juillet. L'unanimité européenne est requise, faute de quoi le Fesf sera maintenu sous son ancienne forme, avec une capacité d'action limitée pour aider les Etats à éviter la banqueroute. Or il est nécessaire de «maximiser» la puissance de feu de ce mécanisme, a insisté M. Barroso mercredi dans un discours devant le Parlement européen. Il a suggéré que cette capacité d'action accrue passe par un mécanisme dit d' «effet de levier» sans apport de garanties financières nouvelles par les Etats. Il a aussi plaidé en faveur d'une entrée en vigueur anticipée, dès l'an prochain, du mécanisme qui doit succéder de manière permanente au Fesf, le mécanisme européen de stabilité financière (MES), doté d'une capacité de prêt supérieure (500 milliards d'euros contre 440 milliards). M. Barroso, qui s'exprimait dans la perspective du sommet européen du 23 octobre, a surtout appelé l'Europe à recapitaliser «d'urgence» ses banques pour stopper la contagion de la crise de la dette, dont il a reconnu qu'elle avait désormais atteint une ampleur «systémique», menaçant donc de déstabiliser l'économie mondiale. Ces déclarations ont été bien accueillies par les Bourses, le CAC 40 prenant 2,43% à 14H21 GMT tandis que le Dax de Francfort gagnait 2,46% quelques minutes plus tôt. Concrètement, M. Barroso a proposé de relever le niveau minimum de fonds propres demandé aux établissements, tout en ne citant aucun chiffre. Selon une source européenne, le niveau minimum de fonds propres «durs» des banques (capital et bénéfices mis en réserve par rapport aux prêts accordés) devrait être relevé à 9%. En France, BNP Paribas, Société Générale et Crédit Agricole ont déjà annoncé en septembre tabler sur un ratio de fonds propres «durs» de 9% au moins début 2013. Il s'agit d'un niveau plus important que celui fixé dans le cadre de la nouvelle réglementation du secteur bancaire, dite de «Bâle III», qui doit être mise en place à partir de 2013 et prévoit un niveau de fonds propres «durs» de 7% d'ici 2019. Un durcissement à 9% de fonds propres «durs» pourrait contraindre les banques à lever au total 275 milliards d'euros, selon les estimations des analystes de la banque américaine Morgan Stanley, citées mercredi par le Financial Times. Le FMI avait estimé début octobre qu'il faudrait injecter entre 100 et 200 milliards d'euros dans les banques européennes. Pour se recapitaliser, a expliqué M. Barroso, les banques devront faire appel à des sources privées de capitaux, les autorités nationales apportant un soutien si nécessaire. Dans l'hypothèse où ce soutien ne serait pas disponible, la recapitalisation devrait être financée au moyen d'un prêt du Fesf. En l'absence de recapitalisation solide, les banques «ne pourraient pas verser de bonus ou de dividendes», a-t-il averti. Au terme d'un bras de fer avec Berlin, Paris a finalement accepté mercredi de ne pas avoir recours au Fesf pour recapitaliser ses banques. La France préférait jusqu'ici l'idée de pouvoir puiser dans le Fonds européen plutôt qu'utiliser des capitaux publics nationaux pour renflouer ses banques, afin de ne pas mettre en danger sa notation «AAA». L'Allemagne privilégiait, elle, un renflouement national, sachant qu'elle est le premier contributeur à ce Fonds au sein de la zone euro.