Les gouvernements européens doivent prendre "des décisions claires" au regard de la gravité de la situation en zone euro, a déclaré, hier, Jean-Claude Trichet, parlant au titre de président du Comité des risques systémiques (CERS) piloté par la Banque centrale européenne (BCE), qu'il préside également. Si le report du conseil européen du 23 octobre "permet d'avoir des réponses claires" aux questions de la recapitalisation des banques et à la crise de la dette, "c'est ce qui est important", car nous sommes "l'épicentre d'une crise mondiale", a jugé M. Trichet, interrogé par la commission des affaires économiques et monétaires du Parlement européen à Bruxelles. "Le temps nous est compté et il est important de prendre des décisions claires au regard de la gravité de la situation", a-t-il répété. "Depuis trois semaines, les choses se sont détériorées, la crise est devenue systémique", a ajouté M. Trichet, qui a souligné que sans retour à une "crédibilité de la signature souveraine", c'est-à-dire à la capacité des Etats à rassurer sur leurs capacité à rembourser leurs emprunts, "il n'y a pas de filet de sécurité à la crise". Pour autant, la crise de la dette n'est pas limitée à la zone euro, a-t-il souligné. "Il y a une crise mondiale du risque souverain, si l'on regarde ce qui se passe aux Etats-Unis ou au Japon. On doit discuter de manière collégiale pour y répondre". Quant aux banques, menacées à leur tour par la crise de la dette qui plombe leurs résultats, il n'y a jamais eu "d'ambiguïté" de la part de la BCE sur la nécessité qu'elles se recapitalisent, a-t-il déclaré. "La BCE a toujours dit qu'elles devaient se montrer prudentes, mettre de côté leurs profits et éviter de distribuer des rémunérations trop importantes", a-t-il rappelé. Et ce afin d'améliorer leurs bilans et leur résistance. Il a estimé que le fonds de secours européen (FESF) devrait être mieux doté et plus flexible et devrait prêter aux gouvernements de la zone euro pour les aider à recapitaliser leurs banques, alors que l'Allemagne exclut dans un premier temps cette solution, jugeant que c'est aux banques elles-mêmes d'agir, puis à leurs gouvernements et seulement en dernier lieu au FESF. Toutefois, M. Trichet a une nouvelle fois exclu que la BCE puisse contribuer à renforcer les capacités du FESF. "Nous considérons que les gouvernements ont toute capacité de le démultiplier et nous ne pensons pas que ce soit à la BCE de le faire". Il a par ailleurs regretté que l'accord sur un FESF renforcé, adopté en juillet pour lui permettre de racheter de la dette publique mais aussi de prêter, ait nécessité un processus d'adoption "si long" en cette période agitée. "Mais c'est le jeu de la démocratie", a-t-il souligné. Seize parlements sur 17 ont désormais ratifié cet accord. Reste la Slovaquie qui a voté, hier après-midi, avec un résultat incertain. La coalition gouvernementale en Slovaquie ne dispose pas de la majorité au Parlement et un des partis de cette coalition menace de faire échouer le vote, jugeant le pays trop pauvre pour participer à ce fonds qui dispose de 440 milliards de capacités de prêts, garanties par tous les Etats membres de la zone euro.