Il y a quelques jours, la chaîne algérienne de droit français, Beur TV, était hors service. Diffusée sur le canal Nilesat position AB 4 et sur le satellite Hotbird, la chaîne était non disponible. Un écran noir qui a mis en colère les nombreux téléspectateurs algériens qui suivent régulièrement ses programmes depuis son renouveau lors du mois de Ramadhan passé et qui se sont exprimés sur la page Facebook de la chaîne. Renseignement pris, la chaîne avait décidé de revoir sa politique de diffusion et avait cessé de payer à perte un satellite très cher sans pour autant arriver à toucher son public algérien. Hébergé chez l'égyptien Global Sat, la chaîne a décidé de suspendre la diffusion sur ce satellite et doit basculer sur le satellite Eutesat 7. Le P-DG de Beur TV avait déclaré, lors de sa conférence de presse, que la chaîne avait obtenu une place sur le satellite Nile durant le Ramadhan, mais visiblement Beur TV a été arnaquée puisque la chaîne n'était visible que par la partie Est du pays. Toute la partie ouest et surtout centre du pays n'avait pas pu capter la nouvelle orientation de la chaîne et découvrir son nouveau programme, la mettant hors course dans la compétition acharnée du paysage audiovisuel maghrébin durant le mois sacré de Ramadhan. A l'époque, le diffuseur égyptien avait déclaré que la révolution égyptienne avait perturbé la distribution du paysage audiovisuel et que Beur TV était sur un canal high tech. Mais cette non-visibilité audiovisuelle a eu une conséquence néfaste sur le plan commercial de la chaîne et par conséquent sur sa production locale. Beur TV, qui venait d'être acquise par l'entreprise VOX, a pourtant beaucoup d'ambition, mais bute sur des problèmes d'ordre technique et administratif qui la fragilisent et freinent son expansion. Beur TV, qui produit actuellement un programme sportif et une émission politique animée par une ancienne présentatrice vedette de Canal Algérie, entend basculer sur Eutelsat, alors que le diffuseur Global Sat est en train de baisser ses prix pour ne pas perdre son client. Le P-DG de la chaîne fait également face à une forte pression financière. L'ancien propriétaire de la chaîne a laissé une ardoise de plusieurs centaines de milliers d'euros chez le diffuseur, provoquant déjà un trou dans les finances de la chaîne, à cela s'ajoute le coût de la location d'un studio de 600 m2 à Paris qui servira comme plateau à une émission politique en prévision de l'élection présidentielle de 2012 en France. En tout cas, ce nouvel épisode dans le feuilleton audiovisuel de Beur TV renseigne sur les difficultés que peut rencontrer un investisseur pour le lancement d'une télévision privée. La location d'un satellite qui offre une visibilité est l'une des conditions les plus importantes à une télévision pour se développer. Même Al Jazerra, et malgré son budget conséquent, avait souffert lors de son lancement. A ses débuts, le 1er novembre 1996, Al Jazeera diffusait seulement 6 heures de programme sur Arabsat IIA et le satellite Eutelsat SATW1. Ce n'est qu'en 1998 qu'elle est passée à 9 heures de diffusion et ce n'est qu'en 1999 (soit trois ans après) qu'elle a commencé à diffuser H24. Aujourd'hui, elle est disponible sur presque tous les satellites qui gravitent autour de la Terre. Loin de faire la comparaison entre Beur TV et Al Jazeera, c'est sur la stratégie de diffusion de Beur TV qui nous intéresse. Si l'on a des problèmes de visibilité, pourquoi rester sur ce satellite durant le mois de Ramadhan alors que l'ensemble des annonceurs souhaitent être visibles durant cette période? La diffusion satellite sera le grand problème que rencontreront les télévisions privées algériennes à l'avenir. [email protected]