Ils montent au créneau pour dénoncer l'arbitraire dont ils se sentent victimes. Dans un communiqué rendu public, l'association des clients d'El Khalifa Bank s'attaque dans un premier temps à la classe politique qu'elle accuse de complicité de par son silence: «Nous sommes écoeurés par le silence assourdissant de la classe politique dans son ensemble devant ce hold-up légalisé.» En outre, l'association n'a pas omis de la mettre en garde. «Que les responsables politiques sachent qu'ils ne pourront pas éviter le déballage du linge sale, si c'est ce qu'ils craignent», ajoute le communiqué de l'association qui accuse ainsi implicitement la classe politique nationale dans son ensemble d'avoir reçu des pots-de-vin. Sur un autre registre, l'association a tenu à dénoncer la politique de deux poids, deux mesures prônée par les pouvoirs publics quant au règlement de la crise engendrée par la liquidation d'El Khalifa Bank. En effet, le communiqué, qui se félicite du remboursement des opérateurs étrangers, des organismes sociaux (caisses des retraités, sécurité sociale, caisse de chômage et autres mutuelles) n'en reste ce pas moins sceptique. «Pourquoi notre Etat, par le biais de notre ministre des Finances, s'engage-t-il à rembourser les étrangers au moment où il nous ignore comme des pestiférés?», avait clamé le comité des épargnants lors du dernier rassemblement devant le siège du liquidateur. Ce à quoi il avait répondu: «Je n'ai jamais déclaré vouloir rembourser quelqu'un aux dépens d'un autre. Je ne ferai qu'appliquer la loi à la lettre. Je n'ai d'ordre à recevoir de personne. Ni du ministre des Finances ni du Chef du gouvernement. Et puisque le ministre des Finances s'est engagé à rembourser les investisseurs étrangers, il n'a qu'à le faire lui-même. Je lui ai signifié clairement que s'il veut que je rembourse cette catégorie d'épargnants, il devra aussi me donner l'argent.» L'autre motif de satisfaction est la création de la Société de garantie des banques (Sgdb), créée, certes, dans l'urgence (par décision politique) pour mettre l'administration en conformité avec la loi. La Sgdb devrait couvrir les dépôts inférieurs à 600.000 dinars. Devant cet état de fait, les clients désabusés de la défunte banque clament haut et fort à qui veut les entendre. «Les déposants, dont le montant des avoirs est supérieur à ce seuil doivent bénéficier d'une décision similaire». En outre, le remboursement des liquidités et la transformation des DAT, et bons de caisse en bons de Trésor «est une mesure qui s'impose si l'on a le souci de l'équité». A ce titre, le collectif des clients invite ses mem- bres à refuser «l'indemnisation» de 600.000 dinars proposée pour éviter de cautionner le processus de liquidation engagé sans aucune base légale. L'autre point soulevé dans le communiqué par le collectif a trait au maintien des avoirs des épargnants dans la monnaie de dépôt. En filigrane, il n'est pas question pour les épargnants de récupérer leurs avoirs déposés en devises fortes en dinars comme sont tentés de le faire les pouvoirs publics. Enfin le collectif rappelle à ses membres «ne pas se dessaisir, à aucun prix, de leurs documents officiels (livret d'épargne, bons de caisses, DAT, etc.) sous prétexte de formalités administratives liées au remboursement, sauf s'ils sont soldés. Dans le cas contraire, des photocopies certifiées conformes devraient suffire.»