“Nous sommes victimes d'un séisme financier dont nous n'en sommes nullement responsables”, dira Brahim Hadjas, PDG de la banque privée Union Bank, en évoquant la situation actuelle du secteur financier privé. Le premier responsable de l'Union Bank affirmera que “la chute du groupe Khalifa, construit autour d'El Khalifa Bank, a fait plus de mal au pays que son ascension n'avait fait de bien”. Plus explicite, il soulignera que “la mise en liquidation brutale d'El Khalifa Bank a provoqué une crise de confiance profonde dans le secteur financier privé algérien”. Cette crise de confiance est perceptible à travers les retraits massifs et anticipés d'argent de tous les clients des banques privées. Dans la foulée, il déplorera le silence des autorités monétaires et des pouvoirs publics devant la crise de confiance qui a suivi la chute d'El Khalifa Bank, en soutenant que “ni les banques nationales, ni les autorités monétaires, ni les pouvoirs publics n'ont joué le rôle de régulation qui leur est imparti”. L'Union Bank a donc subi durement les effets de cette crise. C'est pour cela qu'elle a décidé, le 30 juin dernier, de saisir les autorités monétaires, en l'occurrence la Banque d'Algérie, pour leur soumettre, ajoutera-t-il, une solution raisonnable, motivée et documentée, comprenant un plan de sortie de crise s'étalant sur neuf mois, relayé par une consolidation sur plusieurs années. “Ce plan est dicté, principalement, par le souci de protéger les intérêts de nos clients, puisque nous allons prêter de l'argent, sur 9 mois, de la Banque d'Algérie pour rembourser nos clients”, précisera-t-il. L'Union Bank demande un prêt remboursable de 5 milliards de DA dont 2 destinés à rembourser les clients de la banque et 3 à la réalisation de ses projets d'investissement. “En contrepartie, nous proposons l'hypothèque de nos actifs comme garantie pour le remboursement de ce crédit”, dira-t-il. Malheureusement, aucune décision n'a été prise alors que les relances et les mises en garde se faisaient de plus en plus pressantes. Aujourd'hui, Hadjas a décidé de “faire appel à la justice en vue de juger du bien-fondé” de son plan de sortie de crise et pour arriver à le mettre en œuvre avec ses clients et les autorités monétaires. La première audience se déroulera, selon Hadjas, le 23 septembre prochain au tribunal d'Alger. “L'Union Bank est solvable”, soutient-il. Notons au passage que l'Union Bank doit à ses clients 2 milliards de DA alors que la Banque d'Algérie lui doit 2,5 milliards de DA. Il signalera que “les derniers réaménagements introduits à la loi sur la monnaie et le crédit sont très importants et s'ils avaient été initiés auparavant, le secteur financier ne serait pas dans la situation actuelle”. Une allusion à peine voilée à la chute d'El Khalifa Bank et à ses conséquences sur le secteur bancaire privé national. F. M.