Les radicaux n'excluent pas de durcir le ton alors que les autres préfèrent attendre pour voir. La nouvelle tarification concernant le transport par taxi, introduite, récemment, par le ministère des Transports, «pour améliorer la qualité de ser- vice et la réhabilitation de la profession», semble avoir pris de court une partie des propriétaires de ces véhicules urbains. Deux mouvements de grève ont été observés, dans le courant de l'année 2001, par ces derniers, pour obtenir un relèvement de leurs tarifs, compte tenu de l'évolution des prix. Donnant suite à cette demande, la direction des transports, en accord avec les représentants de la profession, a fait passer, dans le courant du mois de juillet, de 6 à 15 DA le tarif de prise en charge auquel viennent s'ajouter, chaque fois, 10,50 DA par kilomètre parcouru. Dans le même temps, la direction des transports appelait les conducteurs de taxi à respecter leur mission et à s'abstenir, désormais, de refuser une prestation de service, «quelle que soit la destination de l'usager», ainsi que de ne plus pratiquer le «jumelage», consistant à transporter plusieurs clients à la fois. Aujourd'hui, certains conducteurs considèrent qu'ils ont été piégés par ces augmentations qui, selon eux, leur font perdre des clients. M.Aït Brahim, membre du bureau de la section taxis relevant de l'Union générale des commerçants et artisans, déclare être d'accord pour l'augmentation des tarifs «mais pas à la vitesse où elle a été appliquée». Il demande que la nouvelle tarification soit reportée à une date ultérieure et que soit laissée toute latitude aux propriétaires de taxi-compteur de continuer à pratiquer le «jumelage». M.Aziouez Boukerou, premier vice-président du syndicat autonome de l'Union nationale des chauffeurs de taxi, se déclare, lui aussi, en faveur de l'application de la nouvelle tarification à condition, toutefois, qu'elle se fasse par palier. «Il faudrait, dit-il, qu'elle augmente en fonction de l'évolution du niveau de vie de la population.» Pour le secrétaire général par intérim, pour la wilaya d'Alger, du Syndicat national des transporteurs et taxieurs, les conducteurs de taxi ne peuvent aller à l'encontre de mesures qui ont été négociées par leurs représentants. Il se déclare en faveur d'une réglementation qui touche l'ensemble de la profession. Il cite, à cet effet, les taxis qui assurent des dessertes à partir des aéroports, des hôtels, des gares ou des hôpitaux et dont les prix des prestations divergent sensiblement les uns par rapport aux autres. «Il faut, dit-il, que le client paye le prix affiché au compteur et seulement ce prix.» Cela dit, quelques-unes des décisions arrêtées, le 8 juillet dernier, par la commission technique des taxis de la wilaya d'Alger ne manqueront pas de poser problèmes autant aux usagers qu'à leurs propriétaires. Compte tenu des nouvelles dispositions, il est devenu interdit à un taxi «collectif», dont l'itinéraire est préalablement déterminé, de s'arrêter, sur son parcours, entre la station de tête de ligne et celle du terminus pour y déposer ou charger un client. Curieusement, dans l'avis publié à l'intention des conducteurs de ces taxis, il leur est rappelé que s'ils persistent à s'adonner «frauduleusement» au ramassage de passagers sur l'itinéraire de la ligne qui leur est affectée, ils sont susceptibles d'être «reversés au mode individuel», c'est-à-dire dans le système des taxis à compteur par l'administration. Une manière peu cavalière, de leur laisser entendre qu'ils sont mieux considérés que leurs vis-à-vis, propriétaires de taxi-compteur.