La mesure a beau être entrée en vigueur, elle n'est toujours pas appliquée. Et pour cause... La récente entrée en vigueur de la nouvelle grille des tarifs de transport par taxis, qui a, par ailleurs, reçu l'aval des représentants syndicaux de la profession, semble avoir, totalement, pris de court les propriétaires de ce moyen de transport urbain, en dépit d'une augmentation de 100% de leurs prestations. Mis en demeure par la Direction des transports de ne plus pratiquer, entre autres manquements, le jumelage, consenti, par ailleurs, aux «taxis collectifs», les chauffeurs de taxis-compteur ont, à deux reprises, durant l'année 2001, observé des mouvements de grève pour, disaient-ils, que soit respectée leur «dignité» à travers, notamment, un relèvement substantiel des tarifs qu'ils étaient tenus de pratiquer jusqu'alors. Ils expliquaient, entre autres raisons, leur mouvement d'humeur par les hausses successives des prix du carburant et des pièces détachées. Face à cette grogne, les pouvoir publics ont, après d'âpres négociations avec les syndicats de la corporation, dans le courant du mois d'octobre 2002, dû s'incliner en rappelant, toutefois, aux gens de la profession qu'ils se devaient, désormais, de respecter les règles de prestation de services que la plupart feignaient, jusque-là, d'ignorer ou refusaient, carrément, d'appliquer dont l'interdiction de pratiquer le «jumelage» ou le refus de transporter les clients vers les destinations de leur choix, ne sont pas des moindres. Piégés par une décision que la Direction des transports affirme, jusqu'à preuve du contraire, vouloir faire appliquer par tous les moyens légaux, après que l'ensemble des compteurs été misent en conformité avec la nouvelle tarification, les chauffeurs de taxi se braquent et souhaitent, curieusement aujourd'hui, voir l'entrée en vigueur de la seconde tranche de l'augmentation demandée, remise à plus tard sinon, purement et simplement, gelée. Ils considèrent, en effet, qu'une telle décision risque de leur faire perdre une grosse partie de leur clientèle. Il reste, cependant, à préciser que les premiers responsables de la désorganisation du secteur des transports par taxi sont les pouvoirs publics qui ont autorisé, dans le courant des années 1990, à côté des taxis-compteur existant, jusqu'alors, à l'intérieur des périmètres urbains, la mise en service de «taxis collectifs» dûment autorisés, pour leur part, à transporter plusieurs personnes sur un trajet qui leur a été préalablement déterminé. Ne voulant, évidemment, pas être en reste, par rapport à leurs nouveaux concurrents, dont les bénéfices sont, il est vrai, beaucoup plus conséquents, les propriétaires de véhicule à compteur ont commencé, eux aussi, à pratiquer le «jumelage», c'est-à-dire à transporter plusieurs clients sur un itinéraire fixé selon leur bon vouloir, tout en faisant payer à chacun d'eux le prix qu'ils considéraient le plus en adéquation avec leurs intérêts et qui n'avait, bien entendu, rien à voir avec celui affiché au compteur. Tout le noeud du problème est là. Les propriétaires des taxis-compteur préféreraient, aujourd'hui, voir les responsables du ministère des Transports fermer les yeux sur la pratique du «jumelage» plutôt que de se voir imposer le respect de prestations envers les usagers malmenés à tous les vents et qui, eux aussi, ont légitimement droit au respect de leurs droits et de leur dignité. Comme nous avons, déjà, eu l'occasion de l'écrire ici, il serait temps que les pouvoirs publics se décident, parallèlement, à donner un grand coup de pied dans la fourmilière des transporteurs par bus et autres propriétaires de «taxis interwilayas» pour les obliger, eux aussi, à remplir leurs obligations vis-à-vis d'usagers qui, faut-il le souligner, y vont de leur poche pour pouvoir se voir traités avec égard et transportés dans les meilleurs conditions de confort et de sécurité.