L'Expression: Depuis quelques mois le secteur des transports à Béjaïa fait parler de lui assez régulièrement, comment expliquez-vous cette situation? Read Boudraâ: Le secteur souffre actuellement d'une crise latente dans laquelle il est impliqué involontairement par suite des décisions irréfléchies du département des transports qui agit, sans commune mesure, au regard des besoins réels en matière de transport. Le plan de transport n'est pas respecté et l'on assiste, impuissants, à l'anarchie qui règne dans le secteur. Pour résorber le chômage, on injecte de nouveaux transporteurs sans que l'on tienne compte des besoins réels. Où est dans tout cela votre organisation, et plus particulièrement par rapport aux augmentations des tarifs appliqués ces derniers jours? Une tentative pour étudier les tarifs réels avec la participation du Bitur, de l'Unat, des représentants du ministère du Commerce sous l'égide du département des transports, a été entreprise en 2005 mais celle-ci est restée en gestation au niveau du ministère. Toutefois, il faut savoir que les charges d'exploitation des opérateurs sont assez conséquentes, compte tenu de l'inflation que connaît le pays. Cependant et devant la surdité des pouvoirs publics, les opérateurs sont en droit de prendre les devants pour répondre à leurs charges d'exploitation. Est-ce que ces augmentations sont réglementaires par rapport à la loi? Les pouvoirs publics sont restés muets pour décider d'une tarification socialement viable et économiquement fiable, il n'en demeure pas moins que l'ordonnance 95/06 a libéré les prix et ceux-ci obéissent à la loi de la concurrence. L'ordonnance a été complétée et appuyée par le décret exécutif n° 96/39 du 15 janvier 1995, ainsi que l'ordonnance 03/03 du 19 juillet 2003 relative à la concurrence, qui autorise tout ce qui est produit. Avez-vous pris des mesures pour convaincre les usagers à propos de cette augmentation? Compte tenu de la cherté de la vie, de l'inflation et les prix d'acquisition des moyens de transport, qui varient de quatre millions à sept millions de dinars pour les petits gabarits (matériel chinois), les lubrifiants, les pneumatiques et la couverture des risques qui ont connu des augmentations très importantes, il convient pour l'usager de prendre en considération tous ces paramètres. Le secteur des transports a connu une amélioration par la quantité mais la qualité laisse à désirer. Certes, le parc de transport urbain a été renforcé par l'injection de nouveaux autocars et autobus neufs mais il n'en demeure pas moins qu'il subsiste un ancien parc dont la durée de vie tire à sa fin. Cependant, si ce dernier n'a pas été renouvelé, il demeure entendu que, compte tenu de la tarification appliquée, leurs propriétaires végètent, et ne peuvent dans le cas actuel procéder à son renouvellement. En matière de transport interwilayas, grandes et moyennes lignes, le parc est assez conséquent et répond à toutes les commodités qu'exige la fonction transport pour le confort des voyageurs. A titre d'exemple nous citons la wilaya de Tizi Ouzou qui dispose d'un parc récent répondant aux normes exigées. L'Unat de Béjaïa est majoritaire. Elle représente 80% des exploitants. La ville de Béjaïa nécessite un nouveau plan de circulation, quelle est la position de l'Unat? L'Unat à depuis longtemps sollicité un plan de circulation afin de fluidifier la circulation et la réorganisation du transport urbain. Concernant la gare routière de Béjaïa, quelles sont les démarches et propositions pour une amélioration? Dernièrement, les autorités de Béjaïa avec la participation des corporations, ont mis à exécution une nouvelle initiative, qui est bénéfique pour les transporteurs et les usagers. Elle consiste à faire transiter onze lignes urbaines par la gare routière. Cela évitera aux usagers d'emprunter deux bus pour accéder à la gare et par voie de conséquence le paiement de deux tickets. Il est également nécessaire d'élargir les aires de stationnement des bus urbains à l'extérieur de la gare routière.