Dans la moiteur équatoriale, sous un ciel gris, Bamako retient son souffle. Pour la première fois, les ravisseurs des quatorze touristes enlevés en début d'année dans le Sahara ont accepté que vivres et médicaments soient acheminés aux otages, en marge des pourparlers engagés avec le médiateur malien Iyag Ag Agali à Kidal (1500 km au nord-est de Bamako).Au moins quatre otages sont alités et se déplaceraient difficilement sans qu'aucune précision soit fournie sur la nationalité des quatre otages, leur âge, ni leur sexe. Tandis que d'autres sources affirment que parmi les otages malades se trouve un Suisse sans préciser s'il s'agit de l'Appenzellois Marc Hediger (42 ans) ou de l'Argovien Reto Walther (35 ans). Alors que les pourparlers en vue de leur libération se poursuivent dans un climat délétère. «Les négociations sont très avancées, on devrait très rapidement y voir plus clair, je ne souhaite pas en dire plus pour le moment», a souligné une source proche de la médiation de retour «de l'endroit où se trouve tout ce monde». Certaines informations laissent croire qu'en signe de bonne volonté, les ravisseurs pourraient relâcher dans les prochains jours les otages «les plus gravement malades». D'ailleurs, «pour montrer leur bonne foi, les ravisseurs ont accepté que vivres et médicaments soient acheminés aux otages, en affirmant que la balle est désormais dans le camp des autorités allemandes», a indiqué cette source. Depuis le début de la semaine, Iyad Ag Agali est dans les environs de Kidal, son village natal, où il est en contact direct avec les ravisseurs. Ancien révolutionnaire et chef de la rébellion targuie du début des années 1990 dans le nord du pays, Agali, âgé de 45 ans, est issu de la tribu des Iforas, les Touareg les plus nobles mais aussi les plus fiers. Ce qu'il cherche désormais à obtenir, dans un premier temps et le plus rapidement possible, avant même de reprendre les négociations sur le paiement d'une rançon, c'est la libération, pour raisons humanitaires et en signe de bonne volonté, des otages les plus gravement atteints. De sources concordantes, il apparaît aujourd'hui qu'ils sont passés du nombre de quatre à celui de six. Pendant ce temps, à Bamako, les réunions diplomatiques au plus haut niveau se succèdent quotidiennement. L'Allemagne - qui a encore neuf de ses concitoyens retenus en otages - paraît vouloir prendre énergiquement les choses en main. Vendredi dernier, une douzaine d'agents des services de renseignements allemands, GSG 9, unité allemande spécialisée dans la lutte contre le terrorisme, a atterri à l'aéroport de Bamako-Senou avant de prendre quartier à l'hôtel Salam, le meilleur de la ville. En short et T-shirt, baraqués comme des armoires à glace, ils se font passer pour de simples touristes. Officiellement, un diplomate de l'ambassade d'Allemagne murmure qu'il ne s'agit que de «techniciens» venus apporter le moment venu un soutien logistique à la crise des otages. En fait, les autorités maliennes semblent craindre qu'il s'agisse de véritables barbouzes allemands débarqués à Bamako pour mener une négociation parallèle à celle conduite par Bamako. En outre un autre petit détail, mais de taille, qui n'a pas échappé aux observateurs conforte cette thèse: celui relatif au fait que les Allemands ont loué un avion pour permettre officiellement un «pont humanitaire» avec le nord et qui n'a pas acheminé Iyad Ag Agali qui a préféré gagner la zone en deux jours par voiture à travers les dunes. Mais les ravisseurs, très au fait des derniers développements, ne sont pas près de lâcher prise. D'autant que les choses sont allés loin depuis, avec la mort d'une Allemande par insolation et l'état de plus en plus déclinant de six otages.En outre la probable intervention d'un commando spécial de Hacène Hattab n'est pas faite pour arranger les choses.