Un Libanais poursuit une belle femme de ménage brune pour vol. Mais, car il y a «un gros mais»... La femme de ménage poursuivie pour vol par son employeur avait tout d'une dame dès qu'on la voit, plutôt que d'être une femme de ménage. L'habit, cette fois, ne fait pas le moine, ni la femme de ménage. Elle rappelle plutôt une employée dans une institution de l'Etat. Le corps entièrement recouvert d'habits de couleurs noire et marron, le signe de la discrétion et de l'intégrité contrairement aux couleurs criardes qui poussent les mauvaises langues à taxer X ou Y de ce qu'elle est ou n'est pas dans son quotidien. La victime est un enfant de la montagne du pays du Cèdre. Et en sa qualité d'étranger, il a eu peur de sa femme de ménage qu'il accuse de vol, donc de la réaction de la jeune fille qui peut crier au viol. Non, la femme n'a pas crié au viol mais au harcèlement sexuel. «Il m'a fait ce coup car j'ai refusé de...». Remarquez: même le Libanais crie au harcèlement! Qui dit vrai? Face au juge de Blida, il y a un certain Lazazi Rami, l'avocat de Birtouta et sa jeune consoeur de Chéraga, Maître Aïd pour l'inculpée de vol fait prévu et puni par l'article 350 du Code pénal. Dalila contre Haddad avec Zohra... co-inculpée. Maître Farouk Benrekiya est constitué pour la femme inculpée, Zohra H. présentée comme témoin par la défense. Dalila B. née en 1987 est femme de ménage. Elle raconte que son employeur l'accompagnait tous les jours de la semaine. Un de ces quatre matins, je suis rentrée à la maison. Haddad m'a poussée dans une chambre et griffée en m'ordonnant de faire ce qu'il désirait. Nous avons eu une chaude discussion à propos de mon honneur en l'invitant à être plus correct. Ils m'ont frappée. Ce sont deux Libanais. Mais c'est Haddad qui m'a le plus tabassée!», pleurait-elle«Avez-vous un certificat médical pour prouver vos dires?», coupe le magistrat car Dalila l'inculpée pleure, sanglote en racontant les faits que le juge n'avale pas facilement. «Pourtant, devant les policiers, vous aviez reconnu les faits de vol!» intervient encore Djabrallah. La jeune fille sursaute: «Je n'ai jamais rien reconnu. Les policiers m'ont offert le portable pour appeler chez moi...», pleure Dalila en se remémorant les faits qu'elle avait subis. Zohra, la seconde inculpée de vol annonce très mal le récit. Elle prétend que Dalila l'avait appelée au téléphone pour lui demander de l'aider à voler le boss libanais. Le juge sent le roussi: «Comment a-t-elle su qu'il avait de l'argent dans un domicile qu'elle est venue nettoyer et repartir aussitôt? Il y a quelque chose qui ne tourne pas rond», dit le magistrat qui va alors coincer Zohra. «Vous lui aviez tendu un piège, alors?» tranche le juge qui passe à la victime qui prend son temps et son accent libanais pour narrer les faits qui commencent par un appel par portable de Zohra qui l'appelle et l'informe du probable vol de son coffre-fort...«Zohra m'a dit que c'était Dalila qui est la coupable de vol», a dit Arkine Haddad. - Bizarre, bizarre!» s'exclame le juge. On vous annonce un méfait qui n'a pas encore eu lieu»! «Et puis, cette clé si trouvait chez qui?» dit le juge qui a véritablement instruit les faits du jour. «Chez ma secrétaire ou mon comptable», répond Haddad qui va prétendre que la seconde clé se trouvait chez Dalila, la femme de ménage. «Elle l'a eue d'où?» insiste Djabrallah, le président, qui verra alors Maître Rami changer de place. - «De Staouéli, chez moi. Dans une chambre à coucher, elle a eu le temps de copier la clé!» articule la victime. «Et le code? Elle l'a eu d'où? Vous aviez mis en scène un diabolique stratagème pour enfoncer Dalila.» Nouredine Afouness, le procureur, est plutôt secret. «Et puis, un voleur n'a pas besoin de coup de fil pour voler. Un voleur est spontané. Ici, nous avons une voleuse qu'on a invitée à voler et à prendre en flagrant délit», clame le juge. Maître Nassima Aïd posa trois questions relatives au stratagème mis en place dans le coffre. «La victime reconnaît avoir mis le code à zéro pour faciliter l'effraction, le vol et le délit!» avait-elle dit. La mine rose surtout devant l'ire de son adversaire qui savait pourtant que Ayach Djabrallah, le juge du siège, avait longtemps «fait» dans l'instruction. Cela explique le «harcèlement» du juge. Pour la victime, Maître Rami Lazazi commence par entrer dans les deux délits: vol et complicité de vol. «Le parquet n'a pas bien qualifié les faits: il manque le 359, confection de double de clés.» «La police judiciaire a effectivement essayé le double des clés qui a fonctionné. Dalila a volé et selon ses déclarations, avec la complicité de Zohra. Avant de s'en prendre au parti pris du tribunal, lequel n'a pas permis à la victime de s'exprimer beaucoup mieux car elle est handicapée par le dialecte libanais qui ne comprend pas l'algérien. Maître Rami s'énerve et menace de se retirer de la barre du tribunal et de Blida pour rentrer chez lui à Birtouta: «Monsieur le président, puisque vous ne m'écoutez pas, je demande acte pour ma déconstitution. Je ne supporte pas de plaider dans de mauvaises conditions. C'est pourquoi, je décide d'abréger ma plaidoirie. Le président garde son calme: «Allez-y, plaidez, plaidez, plaidez, tout le temps que vous vous voudrez», lance Ayach Djabrallah. Maître Rami a le visage rouge. Il lance une pique à maître Farouk Benrekiya! «Maître, vous avez Zohra comme inculpée. J'ai Haddad la victime, STP, cesse tes railleries!» articule l'avocat du Libanais avant de revenir aux faits et à la loi, au flagrant délit, aux deux co-inculpées, en précisant que Zohra est aussi témoin? Il y a aussi un arrêt de la Cour suprême qui prévoit le cas de Dalila et Zohra. Il demande cinquante millions de centimes de dommages et intérêts, soulagé qu'il était d'en avoir fini avec ce juge qu'il avait taxé de.... «partisan» dans un excellent arabe académique. Dans tout ce brouhaha, les débats ont permis aux initiés de relever que la victime avait mis un diabolique stratagème mais n'avait pas prévu les grains de sable, de sel et même de... poivre noir et des ratés dans ses déclarations contradictoires alors que Maître Lazizi Rami l'avait présentée comme étant victime et handicapée par le dialectal algérien. Et Djabrallah, le juge, de préciser comme à la parade: «Non, Maître, nous parlons en langue arabe tout court. Et toutes les parties ont eu toute la latitude de se défendre en langue arabe et les procès-verbaux sont en langue nationale et officielle.» Tout ce beau monde sera libéré aux environs de 14 heures. Les avocats, eux, ont quitté le tribunal bras dessus, bras dessous ou presque.