Les femmes en milieu rural bénéficient rarement des différents dispositifs étatiques. Tel est le constat établi par les nombreuses associations activant dans ces zones et les représentantes de cette catégorie de la population. « Le problème des femmes rurales c'est qu'elles ne bénéficient pas des dispositifs de l'Etat pour de nombreuses raisons. Souvent, parce qu'elles ne sont pas au courant de leur existence. Et même quand elles sont au courant, elles ne peuvent pas y prétendre pour des problèmes de mobilité, d'éloignement, d'analphabétisme et les procédures compliquées », a souligné à ce propos Mme Baya Zitoune, présidente de l'Association femme et développement rural, en marge des activités organisées dans le cadre de la Journée mondiale de la femme rurale, organisée hier au siège de l'Institut national de vulgarisation agricole. La femme rurale est, selon elle, victime « d'une marginalisation de fait ». Pour remédier à cette situation, Mme Zitoune préconise d'accompagner ces femmes et de leur faire parvenir l'information concernant les dispositifs auxquels elles ouvrent droit. Elle relève au passage que son association va lancer une campagne de sensibilisation dans quatre wilayas pour informer les femmes rurales sur les dispositifs de l'Etat. Mme Zitoune reconnaît néanmoins que les associations ont elles-mêmes besoin d'encadrement et leurs membres de formation afin que leurs actions soient plus efficaces sur le terrain. Mme Fatna Allout, présidente de l'Association de promotion de la femme rurale de la wilaya de Djelfa, fera savoir pour sa part que la situation socioéconomique de la femme rurale est loin d'être reluisante, car elle est privée de ses droits les plus élémentaires même si de petites améliorations sont constatées : « Elles n'ont pas droit à l'éducation ni à la santé. Elles sont souvent mariées très précocement. Le plus haut taux de mortalité maternelle est enregistré dans les régions rurales faute de prise en charge adéquate pour les parturientes. » La gent féminine dans les zones rurales reste soumise aux pressions familiales qui représentent le principal obstacle à son épanouissement. « Il nous arrive de proposer à des femmes des cours d'alphabétisation, mais elles se heurtent au refus catégorique de leur mari, père ou frère », note-t-elle, dépitée. Et de se désoler du sort réservé aux femmes rurales qui, rappelle-t-elle, ont bravé le colonialisme, le terrorisme et les difficiles conditions de vie en milieu rural et contribuent souvent au revenu du ménage. Selon Mme Fatiha Djahiche, conseillère au ministère, chargée du développement rural, près de 6300 projets touchant plus de 2,5 millions de ménages ont été enregistrés dans le cadre du programme de développement rural intégré, a-t-on appris mercredi auprès du ministère de l'Agriculture et du Développement rural. Mme Djahiche a précisé que sur les 1541 communes du pays, 979 sont considérées comme rurales, alors que le reste a un taux de ruralité qui varie de 0 à 40% : « Les ménages ruraux représentent une population de quelque 13 millions d'habitants. »