Contraintes à faire un travail mal rémunéré, ces femmes sont souvent la proie de prédateurs sans scrupules. «Tu n'es qu'une simple femme de ménage, m'a dit un jour un chef comptable, me remettant mon premier salaire d'agent d'entretien et de nettoiement des bureaux d'une administration très connue à Oran», déplore Khadouj qui regrette la dégradation des relations sociales qui lient les employés à leurs employeurs. A la perte des valeurs morales dans le milieu professionnel, s'ajoute le harcèlement sexuel. Elles se comptent sur les doigts d'une seule main les victimes qui ont bravé les tabous sociaux en dénonçant les agissements de leurs harceleurs. «J'ai été victime de harcèlement plusieurs fois», relate une femme qui a requis l'anonymat par crainte du scandale. «Non seulement, je gagne difficilement ma vie en nettoyant les vitres, les bureaux et les habitations particulières mais je subis les avances que je repousse à coups de mille excuses», souligne une autre. Tels sont les propos de ces femmes, contraintes de faire le ménage pour les autres mais ayant décidé de prendre leur destin en main. Ainsi, la femme de ménage constitue la proie de tous les prédateurs en quête d'assouvissement de bas instincts du fait qu'elles sont totalement oubliées par la loi. «Au vu de la vulnérabilité de ces femmes contraintes de subvenir aux besoins de leurs familles, les responsables hiérarchiques et gérants usent et abusent de leur autorité», déplore-t-on. Autant d'exemples concrets accompagnant la vie infernale des femmes qui exercent les petits métiers nécessitant leur mobilisation quotidienne. Les employeurs optent, de plus en plus, pour les recrutements des ‘'pititates'' a déploré une femme scrutant l'horizon au lieudit «marché Michelet», station préférée des femmes de ménage en quête d'un travail temporaire. Dans le jargon local, le vocable «pititates» désigne les belles jeunes filles. En ce lieu, quotidiennement, des femmes de ménage, de tous les âges, attendent de décrocher un travail d'un montant moyen de 300 dinars. Mal vues, ces femmes tentent de faire contre mauvaise fortune, bon coeur. «Nous sommes la proie de prédateurs» clame une autre adossée au mur d'une bâtisse faisant face au marché Michelet, «Un jour, j'ai failli être violée par un pseudo-patron qui m'a demandé de lui nettoyer sa maison sise à Bel Air», a-t-elle révélé. «J'ai dû quitter illico presto sa maison sans pour autant percevoir mon dû», ajoute-t-elle. La place d'Armes, située en face du siège de l'APC, est l'autre lieu de recrutement. Le chef de l'exécutif communal, en quittant ses bureaux, feint de ne pas voir le spectacle d'en face. Etre femme de ménage est synonyme de toutes les mauvaises interprétations. Pourtant, il n' y a pas de sot métier. «La femme de ménage est très mal vue, on lui accorde peu d'importance alors que sa présence est plus que nécessaire», a indiqué une femme mobilisée dans la défense des droits des femmes. En plus des vexations et humiliations, ces femmes sont le plus souvent exploitées. «Je continue à percevoir une mensualité de 8000 dinars et je crois savoir que Ouyahia a procédé, dernièrement, à la hausse du salaire de base», souligne Houaria, femme de ménage dans un hôtel quatre étoiles. Certes, l'inspection du travail de la wilaya d'Oran enquête, ces derniers jours, sur les conditions de rémunération des employés. Or, les premiers éléments recueillis sur le terrain font ressortir que 65% des entreprises, tous secteurs confondus, n'assurent pas leurs effectifs contre les différents risques et accidents de travail. Le marché du travail échappe à tout contrôle. Et l'on continue de célébrer hypocritement chaque année, la Journée internationale de la femme.