Disponibilité de la formation de Ghannouchi à collaborer avec les Algériens Ennahda tunisienne n'a pas caché sa disponibilité à collaborer avec les Algériens, «si ces derniers le souhaitent», pour exporter leur expérience en Algérie et réussir un nouveau modèle de démocratie au Maghreb. Erreur politique ou prise de position? Bouguerra Soltani, président du MSP, n'a pas mis beaucoup de temps pour féliciter le parti tunisien Ennahda à propos de sa victoire lors des élections de dimanche dernier de l'Assemblée constituante. Mieux encore, avant la proclamation officielle des résultats et avant-même que l'Algérie n'affiche sa position officielle, le président du Mouvement de la société pour la paix a plié bagage en direction de Tunis. Objectif: tisser des relations avec le parti élu. Lors de cette halte tunisienne, M.Soltani a rencontré, la semaine passée, la nouvelle équipe dirigeante du parti, à leur tête Rached Ghannouchi. C'est ce qu'a affirmé hier l'intéressé lui-même, lors d'une déclaration à la presse en marge de l'ouverture d'une rencontre des femmes-cadres de sa formation, et ce, au siège du parti, à El Mouradia. Le même interlocuteur dévoile qu'il a eu des discussions «très riches» avec M.Ghannouchi et Hamadi Jebali, pressenti à la tête du prochain gouvernement, sur le futur des relations algéro-tunisiennes. «Nous avons rencontré Rached Ghannouchi, Hamadi Jebali et autres dirigeants du parti. Les discussions portaient sur les relations bilatérales actuelles entre les deux pays ainsi que sur leur avenir», a-t-il affirmé. Et d'assurer aux Algériens que les hauts cadres de cette formation islamiste ne dérogeront pas aux principes et aux bases des relations algéro-tunisiennes. «Ils (les dirigeants d'Ennahda, Ndlr), nous ont assuré qu'ils ne toucheront pas aux fondements de la Tunisie, aux libertés et surtout aux conventions et accords signés avec les pays voisins et surtout avec l'Algérie», a dévoilé M.Soltani. La même source n'a pas caché la disponibilité de la formation de Ghannouchi de collaborer avec les Algériens, «si ces derniers le souhaitent», pour exporter leur expérience en Algérie. «Ghannouchi et Jebali m'ont ouvertement signifié qu'ils considèrent l'Algérie comme le frère aîné et qu'ils n'attendent qu'un geste du peuple algérien pour leur faire partager la même expérience pour arriver à construire un nouveau modèle de démocratie au Maghreb», a-t-il fait savoir. Ce qui laisse entendre qu'Ennahda est prête à aider les partis islamistes à réussir le même exploit en Algérie. Par la même occasion, le président du MSP indique que «les entretiens» ont porté également sur l'expérience acquise par son parti à travers sa participation au gouvernement et pourrait en tirer profit. A l'issue de cette rencontre, «la délégation» du MSP a eu une réunion de travail avec l'ambassade d'Algérie à Tunis pour discuter les moyens de réactiver le comité mixte algéro-tunisien et continuer à oeuvrer dans la même ligne sur tous les dossiers. Faisant le lien, en outre, sur la participation de la femme en Tunisie et en Algérie, M.Soltani rend hommage aux Tunisiens pour leur démocratie et notamment à cette même formation. Il a souligné que plus d'une quarantaine d'élus sont des femmes sur l'ensemble des 90 élus que compte Ennahda. Référence faite à la nouvelle loi sur les partis politiques. «Sans la politique des quotas, la femme a eu largement sa place dans les élections en Tunisie», a-t-il taquiné les partisans des quotas de la femme dans les listes électorales. A ce titre, M.Soltani a dénoncé encore une fois les parties qui cherchent à donner un cachet partisan aux réformes politiques. Il ne tarde pas à lancer un appel au chef de l'Etat pour intervenir et faire barrage à ceux qui veulent lui voler ses réformes. «M. le Président, vos réformes sont en danger, protégez-les. Frappez avec une main de fer», a-t-il conclu, en cri de détresse.