le principe d'une rencontre pour la mise en oeuvre des revendications est acquis. Prévus initialement à 20h dans la soirée de jeudi à vendredi, les travaux du conclave ordinaire de la coordination interwilayas n'ont débuté qu'hier matin vers 3h. A l'origine de se retard, une histoire de graffitis constatés sur les murs de la ville de M'chedallah. Des graffitis et autres écriteaux qui ont soulevé le courroux de certaines délégations plus particulièrement celle de Béjaïa qui a mis près de 4 heures de concertation avant de rejoindre la plénière. A noter que l'ensemble des graffitis était des dénonciations dirigées à l'endroit du parti de Saïd Sadi et celui d'Aït Ahmed. Ce n'est qu'après que les débats ont commencé autour de l'ordre du jour de cette rencontre. Quatre points sont alors retenus après d'âprès débats tout aussi contradictoires. Il s'agit de la réponse à l'appel du Président de la République, de la nature de l'action pour la célébration du 47e anniversaire du Congrès de la Soummam et des actions synchronisées pour dénoncer le redéploiement des gendarmes, le 4e point étant le divers. A peine les interventions ont-elles commencé que l'intensité des débats reprenait de plus belle. De la lecture des positions respectives par rapport à l'offre de dialogue du Président de la République ressortent des divergences de vues assez profondes sur notamment le caractère de l'appel et les ambiguïtés qu'il contenait. Si l'ensemble des coordinations a montré un penchant pour une prise de langue avec le pouvoir pour la mise en oeuvre de la plate-forme d'El-Kseur, il demeure que des divergences existaient encore en matière de préalables. Ce qui nécessitait, par conséquent, un tour de table qui n'a pas dérogé à la règle. Des insinuations et autres attaques à peine voilées ressurgissent encore créant un climat de doute et de suspicion entre les délégations participantes. La Cadc annonce sa position favorable au dialogue qu'elle assortit d'une liste de préalables appelés «les incidences de la crise». On citera «la libération des détenus, la levée des poursuites judiciaires, la révocation des indus élus, l'amnistie fiscale, le contentieux de Sonelgaz, la réintégration des travailleurs licenciés et l'ouverture des médias publics». La CIC Béjaïa, de son côté, relève les ambiguïtés contenues dans l'appel du pouvoir tout en marquant son option favorable au dialogue rejointe, à ce propos, par la délégation d'Alger. Après débats, le secrétaire fait une synthèse dans laquelle il est relevé un consensus autour de l'acceptation du principe du dialogue autour de la mise en oeuvre de la plate-forme d'El-Kseur assortie d'un engagement de l'Etat quant à la prise en charge des incidences citées précédemment. Mais faudrait-il pour autant mettre un cadre pour les concrétiser s'est-on interrogé au niveau de la délégation de Bouira qui sort alors avec une proposition d'une rencontre préliminaire avec le Chef du gouvernement afin, dit-on, de déblayer le terrain. Ce à quoi la Cadc oppose un document de mise en oeuvre. A l'heure où nous mettons sous presse, les débats étaient encore focalisés sur ce point d'achoppement qui risque de durer, eu égard aux positions intransigeantes des uns et des autres. Mais d'ores et déjà, le principe d'un dialogue pour la mise en oeuvre des revendications est acquis assorti, toutefois, d'un nouvel engagement pour la prise en charge des incidences nées de 28 mois de crise. Concernant la célébration du 47e anniversaire du Congrès de la Soummam, les délégués de l'interwilayas ont décidé d'organiser une veillée dans la maison où s'est tenue la fameuse réunion qui avait donné naissance à la plate-forme de la Soummam ; une déclaration faisant jonction entre la génération d'hier et celle d'aujourd'hui sera rédigée à l'occasion. Le lendemain 20 août, les mêmes délégués prévoient d'occuper les lieux pour empêcher toute célébration officielle en initiant un dépôt de gerbes de fleurs sur le carré des martyrs de la Révolution 54-62 et ceux du printemps. La célébration s'achèvera par un rassemblement dans la ville d'Ouzellaguen avec prise de parole. L'autre point se rapportant aux actions synchronisées devant les brigades de gendarmerie, inscrit à l'ordre du jour après insistance de la Cadc, est apparemment rejeté, et Béjaïa et Bouira l'ont fait savoir clairement, arguant le fait que leur base n'a pas été consultée à ce sujet. Un des intervenants aura cette réflexion lourde de sens: «Initier des sit-in devant les brigades équivaut à la délivrance d'un passeport pour une mort certaine.»