En choisissant d'honorer, à sa manière, les dates phares de la Révolution, la Coordination des ârchs a allumé le moteur de la machine à remonter le temps. Ces clins d'oeil à la mémoire et à l'Histoire finiront, peut-être, par porter leurs fruits, en donnant un ancrage plus profond au mouvement citoyen. Les travaux du conclave de la Coordination interwilayas, n'ont été ouverts qu'hier, en début d'après-midi au lycée technique d'Ouzellaguen. Durant toute la matinée, la Coordination intercommunale de Béjaïa s'était réunie à huis clos. Selon une source participante, les débats étaient axés sur la proposition d'un autre point à l'ordre du jour, à savoir les perspectives d'avenir et des contacts qui avaient eu lieu entre certains délégués et les émissaires du pouvoir. Pendant ce temps, dans les coulisses, des informations persistantes, faisant état de la venue des officiels à Ifri-Ouzellaguen faisaient le tour des groupes et l'on se concertait pour savoir s'il fallait les accepter ou les refuser. En effet, au moment où les quatre délégations présentes à ce conclave, baptisé Mohamed-Haroun, allaient rejoindre la salle de la plénière, un représentant du collectif des avocats chargés de la défense des victimes du printemps noir à Béjaïa, arrivait sur les lieux. Il était porteur d'un message sur une probable visite du Président de la République à Ifri-Ouzellaguen pour recevoir la plate-forme de revendications communes d'El-Kseur, que l'interwilayas avait tenté à trois reprises de lui remettre à Alger. Le représentant du collectif des avocats aurait été contacté par l'intermédiaire d'une tierce personne, M. Saïfi, qui s'est présenté comme un conseiller à la présidence. Cette information n'a pas manqué de provoquer des réunions de concertation des différentes délégations. Les derniers développements ont, quelque peu, chamboulé l'ordre du jour consacré, initialement, à la rédaction d'une déclaration de politique générale. La probable venue du Président a poussé les intervenants à inscrire l'itinéraire de la marche, proposé par la délégation de Tizi Ouzou. Devant la non-confirmation de cette information, Béjaïa s'oppose au changement de l'itinéraire avec, toutefois, la modification du point de départ. Bouira prend la parole pour proposer d'empêcher toutes délégations qui tenteraient de se rendre à Ifri. La délégation d'Alger, arrivée en retard, abonde dans le même sens. Boumerdès préfère laisser le soin de tout changement d'itinéraire de la marche au comité d'organisation et ce, en fonction de l'évolution de la situation. Tous s'accordent sur le principe de refuser toute délégation, quelle que soit sa nature. Pour cela, des propositions ont même été faites concernant l'occupation des lieux. Cette même tentative du pouvoir d'amorcer le dialogue vient donc d'être rejetée comme les précédentes. Des voix, toutefois minoritaires, se sont élevées pour donner suite à cette action, arguant que tout le monde en tirerait profit (ârchs et pouvoir), à l'occasion de ce 45e anniversaire historique du Congrès de la Soummam. A l'heure où nous mettons sous presse, les participants à ce conclave débattent encore de l'itinéraire de la marche, sans parvenir à un accord sur le changement ou le maintien du parcours.