Tout a commencé il y a un mois. La direction générale de l'Entreprise nationale des corps gras a décidé la révocation du directeur général de l'unité de Maghnia après la découverte de son implication dans une affaire de dilapidation et de faux en écriture qui a coûté à l'entreprise un préjudice de plus de 200 milliards de centimes. Tout a commencé, il y a un mois, quand un client de l'unité déposa une plainte devant la justice pour de fausses écritures, sur les chèques qu'il avait présentés à l'Encg. Cette affaire, somme toute banale, soulèvera à Maghnia une vague d'accusation de part et d'autre relayée par certains cercles, le clan du savon et celui des détergents qui étaleront leur guerre à travers les colonnes de certains journaux. Pour certains, Bouchekif, directeur général de l'unité, placé sous contrôle judiciaire par la justice, était victime d'un complot monté de toutes pièces par un mauvais client, redevable à l'entreprise de sommes importantes; pour les autres, l'ancien premier responsable de l'unité a voulu, par ce scénario, couvrir certaines malversations dont il se serait rendu coupable. On dira à l'époque que le directeur général a été placé sous contrôle judiciaire, à la suite d'une plainte déposée par un client faisant l'objet d'un mandat d'arrêt et qui aurait, grâce à des complicités, réussi à tromper tout le monde, même le procureur de la République. Mais, les faits sont têtus et B. sera reconnu coupable de malversation après un audit financier qui a fait ressortir un manque à gagner de plus de 200 milliards de centimes. L'audit fait ressortir des faits graves qui impliquent le directeur général de l'unité en morceau à son fils via des registres de commerce établis sous des prête-noms ou encore sans en référer au Conseil d'administration, seul organe habilité à donner son aval dans les transactions de proches de responsables avec l'unité. Des clients non solvables continuaient d'enlever la marchandise sans qu'on prenne des précautions pour préserver les intérêts de l'entreprise; des hypothèques étaient établies sur des biens dans l'indivision, ce qui constitue une grave entorse à la loi du commerce. Pis encore, au lendemain de l'éclatement de l'affaire, Bouchekif avait refusé d'assister à une réunion du Conseil d'administration pour frapper de nullité ses résolutions pour quorum non atteint. Cet organe tiendra quelques jours plus tard une autre réunion et prononcera la suspension du directeur général qui gardera, tout de même, les avantages liés à son poste. Malgré l'intervention de la direction générale de l'entreprise, Bouchekif refusera de se plier aux résolutions du Conseil d'administration allant jusqu'à prendre des mesures coercitives contre les éléments du conseil en prononçant leur suspension. La guerre continuait, entre-temps, de faire rage entre le directeur général de l'unité et son conseil d'administration. Pour mettre un terme à la confusion qui commençait à s'installer, un deuxième audit financier est confié à un cabinet d'expertise comptable installé à Tlemcen. Ses conclusions confirment celles de la première expertise et enfoncent encore plus Bouchekif. Finalement, la direction générale de l'entreprise convoque les membres du conseil d'administration à Alger le 9 août. A la suite de cette réunion à laquelle ont participé deux nouveaux membres, fraîchement élus, il a été décidé la révocation définitive de M.Bouchekif et la transmission du dossier de l'affaire Encg - Maghnia à la justice. Même ces résolutions qui avaient reçu la bénédiction de la tutelle ont été violées par l'ex-responsable de l'unité de Maghnia qui décidera alors, d'occuper illégalement son bureau, ce qui a conduit le directeur intérimaire à déposer plainte pour occupation illégale du siège d'une direction. Pour le moment, ça continue de faire des bulles à l'Encg-Maghnia, la justice qui s'est saisie du dossier risque de mettre beaucoup de monde derrière les barreaux et pour longtemps, nous dit-on.