Les réactions vont de l'incompréhension à l'indignation au sein de l'opinion locale, qui redoute le pire à l'avenir. A peine a-t-elle été annoncée, la menace de suspension de six titres les plus lus en Kabylie s'est propagée telle une traînée de poudre pour atteindre les fins fonds des villages de Kabylie. Avant même qu'elle soit mise à exécution, elle suscite déjà des réactions qui vont de l'incompréhension à l'indignation au sein de l'opinion locale, qui redoute le pire à l'avenir. Outre le fait qu'ils seront désormais privés de supports d'information auxquels ils sont habitués et non moins négligeables, les citoyens étaient unanimes à relever le caractère «arbitraire» de cette mesure de suspension qui s'ajoute «aux multiples dérapages auxquels nous a habitués ce pouvoir et dont la presse écrite en a fait sa Une plusieurs fois», disait, hier, un citoyen visiblement affecté par la tournure prise par les événements. Les citoyens de la Basse- Kabylie se sont montrés, hier, particulièrement préoccupés. Les appels téléphoniques que nous recevions continuellement sont une preuve de l'intérêt qu'a l'homme de la rue dans une presse qui, a-t-on avoué à plusieurs reprises, est «l'unique moyen qui rend espoir quand tout va mal». Nos lecteurs étaient, hier encore, dans l'expectative, ne sachant pas au juste ce qu'il en était. ls se demandaient les raisons de la suspension et qu'en serait-il des maigres acquis démocratiques? Un lecteur est allé jusqu'à avouer son désespoir, lui, qui est habitué à son journal quotidiennement. Loin de baisser les bras, il déclarera, à l'instar des milliers d'appels reçus, être partie prenante de n'importe quelle initiative allant dans le sens de la réhabilitation de ces titres et de la protection du droit à l'information. Dans la rue, le même état d'esprit est à retenir. De toutes les personnes qui nous connaissent, il n'y a pas une qui soit passée près de nous sans nous aborder pour connaître les faits réels, mais aussi pour témoigner son soutien et sa solidarité. Hier la ville d'El-Kseur était placardée d'affiches dénonçant «les agissements du pouvoir». Cette mesure est qualifiée par le CSC d'El-Kseur «d'arbitraire» et de «dérive dangereuse». Les citoyens, dont le soutien au comité local n'est plus à démontrer, étaient en pleine effervescence. «Nous sommes là!» «Vive la presse!» «Votre combat est le nôtre!», autant de petites phrases simples, mais ô combien significatives dans une région que le pouvoir n'a jamais pu domestiquer. Un meeting populaire est programmé à cet effet. Ali Gherbi, qui nous a contactés personnellement, prévoit d'annoncer une action de soutien dans les plus brefs délais. C'est vous dire combien les citoyens sont touchés par cette mesure. Des citoyens qui font preuve d'une disponibilité, à toute épreuve. «Quoique nous fassions, nous ne faisons que vous rendre la monnaie», soulignait, hier, un jeune pour, tout simplement, dire que les titres menacés de suspension ont été d'un apport considérable dans la lutte que mène le mouvement citoyen depuis 28 mois.