Des sites d'institutions officielles sont attaqués et détruits L'Algérie bat le rappel des troupes et arme à son tour ses hackers. Le bilan de l'assaut est lourd: plusieurs dizaines de sites marocains attaqués. Autres temps, autres moeurs. Dans une guerre on utilise les armes qu'on peut et à l'ère des nouvelles technologies, les hackers ont remplacé les missiles. Quand l'esprit belliqueux se réveille entre deux pays, c'est carrément la «cybervengeance». Des sites d'institutions officielles sont attaqués et détruits. Ce phénomène sévit depuis ces deux dernières semaines entre l'Algérie et le Maroc qui ont fait de la Toile un terrain d'affrontement et où les hacker se livrent une guerre sans pitié. C'est le Maroc qui a ouvert les hostilités dimanche dernier, à l'occasion de l'anniversaire de l'occupation du Sahara occidental. Plusieurs sites d'institutions gouvernementales et d'établissements financiers algériens, dont celui de la Direction générale des grandes entreprises relevant de la Direction générale des Impôts (DGI) ont été piratés par des hackers se présentant comme étant marocains. «Les forces de dissuasion marocaines défendent les intérêts suprêmes du royaume», ont-ils écrit sur les sites algériens piratés. La réplique ne s'est pas fait attendre. L'Algérie a battu le rappel des troupes mardi dernier et arme à son tour ses hackers. Le bilan de l'assaut est lourd: plusieurs dizaines de sites Internet marocains ont été attaqués. Certains piratés et d'autres détruits, sans compter les blessés, dirons-nous dans le monde réel. C'est la première fois que des hackers algériens mènent une cyberattaque de cette ampleur contre des sites marocains. Les hackers algériens ont posté des messages avec le drapeau national et portant souvent la signature «algerian hacker». «En réponse à un groupe de Marocains idiots», a indiqué en arabe le même message. Des attaques qui ont concerné des entreprises et des institutions marocaines. Sur fond de représailles, tout se fait dans l'illégalité. En effet, la guerre virtuelle est sans loi et même pas de charte pour les prisonniers comme dans le monde réel. Ce qu'il faut souligner c'est qu'en Algérie ou ailleurs dans le monde, les pirates informatiques sont effectivement des hackers, mais tous les hackers ne sont pas pour autant des pirates. Il s'agit de surdoués de l'informatique qui donnent parfois libre cours à leurs opinions politiques et parfois agissent au service d'une idéologie ou d'une tendance donnée. A l'exemple de ce hacker algérien qui a décidé de fêter à sa façon le 1er Novembre 1954, date du début de l'insurrection algérienne et de la Guerre d'Algérie. Ce pirate algérien nommé SaMo_DZ a attaqué une dizaine de sites Internet du gouvernement français. Ce jeune pirate algérien a participé la semaine dernière à une cyber-manifestation pas comme les autres. Baptisé «Front de libération nationale (Algérie)», l'internaute a affiché sur 14 sites du gouvernement français le message suivant: «Que la France reconnaîsse ses crimes en Algérie». Le jeune homme a affiché son attaque sur Zone-H. Parmi les sites modifiés: conseilculturel-upm.gouv.fr; archives.premier-ministre.gouv.fr; pandemie-grippale.gouv.fr; prospective-numerique.gouv.fr, etc. On se rappelle également de la fièvre qui a précédé le match Egypte-Algérie lors des éliminatoires du Mondial et de la Coupe d'Afrique des nations 2010. Ce n'est pas sur le carré vert que le match a commencé à se jouer, mais sur la Toile. Le «hacking» a commencé par de simples forums de discussion avant que celui-ci ne prenne de l'ampleur. Voulant montrer leur savoir-faire dans le piratage des sites électroniques, les pirates égyptiens ont été les premiers à ouvrir les hostilités en bloquant les forums de discussion des Algériens. Ils ont attaqué le site Web «echoroukonline», sponsor officiel de l'Equipe nationale de football. De leur côté, des hackers algériens ont commis des attaques qui ont provoqué de sérieuses perturbations sur les sites du grand journal Al Ahram, du ministère égyptien de la Défense, de la Présidence égyptienne, etc. Pour l'instant, les hackers algériens frappent encore et de plus en plus fort chaque fois qu'un pirate étranger s'en prend aux sites algériens. Parmi les nouveaux hackers, on croise des inventeurs, des groupes techno-politiques, qui perpétuent la tradition de leurs aînés: préserver la liberté d'expression et protéger les internautes des escrocs du Net et des services de police qui surveillent les réseaux. A l'instar des terroristes classiques, ceux-ci feraient preuve d'un engagement politique tellement fort qu'ils seraient capables de sacrifier dix, vingt ou trente ans de leur vie en prison avec l'objectif avoué de mener à bien l'attaque ultime, celle qui déstabiliserait durablement, et avec des conséquences non négligeables, une organisation ou un pays tout entier. Si ceci est pour l'instant du ressort de la science-fiction, il n'est pas exclu que l'avenir puisse lui donner raison. Actuellement, les Etats ont intérêt à prendre la question au sérieux. Des organisations terroristes pourraient utiliser des cyberattaques en guise de représailles, un Etat dans le cadre de son action militaire contre un autre Etat, des hackers pour réussir un exploit technique, etc. Quant à l'Algérie, elle enregistre un énorme retard en termes de sécurité des systèmes d'information...