Trois hommes soupçonnés d'avoir préparé un attentat contre le journal danois Jyllands-Posten qui avait publié des dessins controversés du prophète Mahomet en 2005 ont plaidé non-coupable au premier jour de leur procès devant le tribunal d'Oslo mardi. Mikael Davud, Norvégien d'origine ouïghoure, le Kurde irakien Shawan Sadek Saeed Bujak et l'Ouzbek David Jakobsen ont rejeté les charges retenues contre eux, à savoir association en vue de commettre un acte terroriste et possession d'ingrédients nécessaires à la confection d'explosifs. Le procès s'est ouvert moins de deux semaines après la destruction des locaux du journal satirique français Charlie Hebdo, cible d'un incendie d'origine criminelle et d'un piratage de son site internet juste avant la sortie d'un numéro avec une caricature du prophète en couverture. Selon l'accusation, le trio voulait s'en prendre à Jyllands-Posten, qui avait provoqué de violentes manifestations en publiant les caricatures de Mahomet, et/ou à Kurt Westergaard, auteur du dessin le plus controversé représentant le prophète avec un turban en forme de bombe à la mèche allumée. Tous trois établis en Norvège, les prévenus avaient été arrêtés en juillet 2010 après avoir collecté des composants chimiques pouvant servir à la fabrication d'explosifs, notamment du péroxyde d'hydrogène et de l'acétone. Selon le service norvégien de renseignement intérieur (PST), Davud, 40 ans, présenté comme le cerveau du groupe, a entretenu des liens avec le réseau Al-Qaïda qui l'aurait formé à la confection et au maniement d'explosifs dans un camp d'entraînement au Pakistan entre novembre 2008 et juillet 2010. Pendant leurs auditions par la police, Davud et Bujak, 38 ans, avaient tous deux reconnu avoir projeté une attaque mais leurs versions différaient sur la cible. Issu d'une minorité opprimée en Chine, le premier disait avoir voulu viser l'ambassade chinoise à Oslo tandis que le second affirmait que la cible était le journal danois. Le troisième homme, David Jakobsen, qui a pris contact avec la police de son propre gré en novembre 2009, nie avoir voulu participer à un projet d'attentat et comparaît libre contrairement aux deux autres. Les trois hommes encourent jusqu'à 20 ans de prison, selon l'accusation.