S'ils n'en rejettent pas le principe, les partis politiques y posent cependant des préalables. L'appel à un dialogue autour du pluralisme politique et de la construction démocratique en Algérie, que le bureau politique du FLN avait lancé, mardi, a été, diversement accueilli par les partis, auxquels il s'adressait en particulier. La plupart, s'ils n'en rejettent pas l'idée, considèrent, néanmoins, que certains préalables, sur lesquels il conviendra de se mettre d'accord, sont nécessaires pour qu'un tel dialogue ait des chances d'aboutir. Le porte-parole du Mouvement de renouveau national (MRN), Djahid Younsi, tient à indiquer que son parti n'a aucune objection à avancer quant au principe d'une telle idée, «bien que nous n'ayons été sollicités ni d'une manière ni d'une autre pour y prendre part». Estimant que la proposition du BP du FLN, aurait dû être adressée directement aux partis et non portée à leur attention par le canal des médias, M.Younsi ajoute: «Il ne faut pas que ce soit une sorte de propagande partisane. Il s'agit d'éviter de mettre la charrue avant les boeufs. Les choses devront mûrir, d'abord, à travers un dialogue entre les partis, avant d'être portées à l'attention de l'opinion publique.» Le FFS, qui ne rejette pas, d'emblée, le principe d'un tel dialogue, estime de son côté, à travers son porte-parole, Tabbou Karim, que ses objectifs doivent être définis d'un commun accord. «Notre parti, dit-il, propose que ce dialogue se structure autour d'une charte politique sous la forme d'un engagement public et sans ambiguïté, des différents acteurs autour d'un certain nombre de principes». Parmi ces derniers il cite, tour à tour, le respect des libertés fondamentales, individuelles et collectives et la défense des droits de l'Homme, en toute circonstance. «Il y a aussi le respect du pluralisme politique, culturel, linguistique et confessionnel, la non, utilisation de la religion à des fins politiques, par toutes les parties et le rejet de la violence comme moyen d'expression politique». S'il doit y avoir dialogue, dit encore M.Tabbou, ce ne sera pas seulement pour élaborer une charte de l'éthique mais, aussi, parvenir à un engagement public de toutes les forces politiques et sociales, pour aller vers une démarche de sortie de crise. Il met, enfin, en garde contre le galvaudage de la notion, même de dialogue «qui est un mode civilisationnel de traitement et de règlement des conflits». «Il faut, dit-il en conclusion, absolument arrêter l'inflation de constitutions, de chartes et de discours sans un impact réel sur la population». Djelloul Djoudi, du Parti des travailleurs, qui déclare avoir appris l'information concernant les propositions de dialogue autour du pluralisme politique, par le biais des médias, s'étonne que son parti n'ait pas été officiellement saisi par les instances du Bureau politique du FLN. Bien que ne rejetant pas, lui aussi, l'idée d'ouverture d'un tel dialogue, le PT, par la voix de son représentant, déclare rester à l'écoute de toutes propositions allant dans le sens de la défense de la liberté d'expression, de la presse et du multipartisme.