Lundi, les planches du Palais de la culture ont vibré sous les sauts de danseurs(ses) venus de Bulgarie, de Jordanie, de Suède mais aussi d'Algérie. La danse, expression libre du corps et de l'esprit, est une belle invention humaine qui n'a de cesse d'évoluer dans le monde et de connaître plusieurs directions. Signe scénique, abstrait d'un message ou fulgurance d'un point de vue et d'une revendication socio-politique, la danse se fait écho à nos préoccupations et ne peut laisser indifférent. Le Palais de la culture Moufdi Zakaria nous a offert lundi dernier quelques démonstrations de ce qu'elle peut générer comme mouvements à travers plusieurs créations, et ce dans le cadre de la troisième édition du Festival international de la danse contemporaine. C'est par le ballet Arabesque de Bulgarie, emmené par Boriana Stchanova que la soirée a débuté, soit par la grâce et la splendeur à l'état pur. Une dizaine de danseurs entre hommes et femmes, habillés en noir exécutaient des mouvements amples et généreux, tantôt sautillant ou langoureux, le tout sur une musique qui rappelle le tango. Le ballet réalisa plusieurs figures de danses déclinées en quatre tableaux rivalisant de beauté. De belles images esthétiques rarement vues hélas chez nous. Dans la seconde partie, la Jordanie faisait son entrée sous une salve d'applaudissements. Nexus of folklore theatre donnait pour la première fois un spectacle de danse contemporaine. Un exercice de style périlleux dans lequel les danseurs, garçons et filles, n'étaient vraisemblablement par très à l'aise. Des gestes nonchalants, absence de grâce et de tonus sur scène, ce groupe a tout de même réussi à passer son message d'espoir pour l'unification des pays arabes. Intéressant comme spectacle néanmoins, un effort a été consenti sur la bande sonore où l'on distinguait clairement le tonnerre des coups de feu, ajusté à des sonorités bien orientales un peu plus loin. Après la soumission et la fatalité vient la délivrance, semblaient expliquer ces tableaux de danses qui s'apparentaient plutôt à des tableaux d'une pièce de théâtre tragique. Une prestation artistique qui rappelait l'actualité politique du moment: le Printemps arabe! Malchrowiez grip Duo venant de la Suède est comme son nom l'indique un duo magique, mariage de la contrebasse au mouvement félin du corps d'une femme. Celle-ci épousait en effet les contorsions sonores des cordes pour faire ressentir la tension mélancoliques et exacerbée qui se dégageaient souvent de cet instrument, la souffrance humaine adoubée à ce sentiment de mal-être grandement dévoilé par des gestes souvent désarticulés et anarchiques, aériens et délicats. Le clou de la soirée est revenu à la troupe de danseurs de la Maison de la culture de Aïn Defla. Hip hop, break danse, free style, kapouira, etc., des figures de style bien physiques déclinées sur des rythmes sonores puissants pour dire le soutien indéfectible de l'Algérie à la Palestine. Notons que ce dernier groupe est en lice pour le concours du meilleur groupe de danse avec celui de la Bulgarie et certains autres qui vont suivre. «Notre niveau n'est pas mal. L'Algérie possède plusieurs compagnies qui se produisent sur le plan international. Nous sommes des autodidactes. Nous avons appris la danse à la Maison de la culture, en regardant la télé, des vidéos. C'est une danse de la rue. On apprend tout les jours. Nous nous sommes déjà produits au sein de ce festival l'an dernier», nous a confié le jeune Bouchrita Abbas. «Effectivement, nous avons pas d'écoles de danse en Algérie, seulement quelques chorégraphes. Dès que tu te fais un peu connaître, tu quittes le pays et tu pars pour l'étranger car ici il y a un manque de professionnalisme, mais il y a quand même de bons danseurs», regrettera pour sa part cet autre membre du groupe, Yacine.