Le chef de la diplomatie française, Alain Juppé, a relativisé lundi la victoire des islamistes aux législatives marocaines, soulignant qu'ils n'avaient pas de majorité absolue et qu'ils faisaient déjà partie du précédent Parlement. «Je voudrais souligner que le parti qui arrive en tête, qui est loin d'avoir la majorité absolue puisqu'il a une centaine de sièges sur environ 400, était déjà représenté dans le précédent Parlement marocain», a déclaré le ministre à la radio France Info. «Les élections au Maroc se sont déroulées dans de bonnes conditions comme en Tunisie. Elles ont donné un résultat qu'il faut respecter», a-t-il aussi dit. Les islamistes modérés du Parti justice et développement (PJD) ont remporté une large victoire aux législatives du 25 novembre au Maroc avec 107 sièges sur 395. Pour la première fois dans l'histoire moderne du royaume, ils vont diriger le gouvernement. «C'est un parti qui a des positions modérées. On ne peut pas partir du principe que tout parti qui se réfère à l'islam doit être stigmatisé», a aussi fait valoir Alain Juppé. «Ce serait une erreur historique, il faut au contraire parler avec ceux qui ne franchissent pas les lignes rouges qui sont les nôtres, c'est-à-dire le respect des élections, l'Etat de droit, les droits de l'homme et de la femme», a-t-il ajouté. Le chef de la diplomatie française n'a pas précisé s'il avait appelé le secrétaire général du PJD, Abdelilah Benkirane, pour le féliciter de l'arrivée en tête de son parti aux législatives. Samedi, le ministère français des Affaires étrangères avait fait savoir qu'Alain Juppé avait téléphoné à son homologue marocain, Taïb Fassi Fihri, «pour le féliciter du bon déroulement de l'élection» et «pour l'assurer du soutien de la France dans le processus de mise en oeuvre des réformes ambitieuses lancées par le roi du Maroc».