Les Marocains ont voté, avant-hier, pour désigner une chambre des députés, où pour la première fois un parti islamiste modéré pourrait être le mieux représenté. Ce scrutin doit traduire dans les faits la volonté de réforme affichée par le roi Mohammed VI sur fond de révoltes démocratiques dans le monde arabe. Les islamistes du Parti de la Justice et du Développement (PJD) disposeront du principal groupe parlementaire à la chambre des représentants du Maroc après les élections législatives, selon des résultats partiels communiqués samedi par le ministre de l'Intérieur. Les résultats sont désormais connus pour 288 des 395 sièges de la chambre basse du parlement marocain et le PJD en obtient 80, a dit le ministre de l'Intérieur, Taïb Cherkaoui, lors d'une conférence de presse. L'Istiqlal, avec lequel le PJD souhaite former une coalition gouvernementale, arrive en deuxième position avec 45 sièges. 7100 candidats. Plus de trente partis, représentés par 7100 candidats au total, ont participé à ce scrutin pour élire 395 députés à la première chambre du parlement marocain. Les résultats définitifs seront connus dimanche après-midi. Le ministre marocain de la Communication a, pour sa part, déclaré que la "compétition électorale était ardue (...) Le processus de maturation démocratique est véritablement enclenché". "Les pouvoirs publics ont tout fait pour que ce scrutin soit un moment démocratique sain et transparent", a-t-il ajouté. Le Rassemblement national des indépendants (RNI, libéral), membre du gouvernement marocain, a reconnu, hier, la victoire du parti de la Justice et développement (PJD) aux législatives. Je félicite le PJD pour cette victoire et il faut le dire aussi: c'est le Maroc qui a gagné lors de ces législatives, a déclaré Moncef Belkhayat, ministre de la Jeunesse et des sports, qui est également un des dirigeants du RNI. Les islamistes modérés du PJD ont revendiqué, hier, une victoire d'envergure aux législatives de vendredi, dont les premiers résultats officiels sont attendus dans l'après-midi. Les données chiffrées dont nous disposons nous permettent de dire que nous aurons plus de 100 sièges sur 395 du parlement marocain, selon Lahcen Daoudi, chef du groupe parlementaire du PJD. Nous avons déjà gagné plus de 80 sièges et je peux vous dire que nous aurons facilement plus de 100 sièges. C'est un tournant historique, indique pour sa part Mustapha El Khelfi, le directeur de la publication d'Attajdid, le journal du PJD. Si le PJD remporte ces élections, le roi sera obligé de nommer un Premier ministre dans ses rangs, selon la nouvelle Constitution. Nous avons gagné même dans des petites villes où nous ne sommes pas traditionnellement présents, a ajouté M. Daoudi, qui est le chef du groupe parlementaire du PJD. Le chef du PJD prêt à un gouvernement de coalition Le chef du parti islamiste modéré Justice et développement (PJD), qui a revendiqué une victoire d'envergure aux législatives de la veille, s'est dit, hier, prêt à un gouvernement de coalition pour défendre démocratie et bonne gouvernance. C'est un succès. Concernant les alliances, nous sommes ouverts à tout le monde, je n'ai pas cessé de le dire, a déclaré Abdelilah Benkirane. On est obligé de revoir le programme pour se mettre d'accord sur un programme commun, mais l'essentiel de notre programme et de ceux qui vont gouverner avec nous aura deux axes: la démocratie et la bonne gouvernance, a-t-il poursuivi. Aujourd'hui, ce que je peux promettre aux Marocains, c'est que je vais essayer, moi et l'équipe qui va travailler avec moi, d'être plus sérieux et plus rationnel, a déclaré le chef du premier parti d'opposition au parlement marocain. Dès l'annonce des résultats définitifs, prévue, aujourd'hui, le roi Mohamed VI doit désigner le chef du gouvernement au sein du parti vainqueur du scrutin, comme le veut la nouvelle Constitution. Le nouveau chef du gouvernement sera chargé de former un gouvernement de coalition, comme le veulent les usages politiques. Si la victoire du PJD se confirme, le roi devra nommer un Premier ministre dans les rangs de ce parti, selon la nouvelle Constitution. Les Marocains insistent pour garder leur monarchie, mais ils veulent qu'elle évolue avec eux, a insisté M. Benkirane. Déjà on a une nouvelle constitution qui donne des prérogatives plus importantes au gouvernement et à son chef, maintenant, il faudra travailler directement avec Sa Majesté, a-t-il poursuivi. Désormais, les Marocains vont sentir que c'est l'Etat qui est à leur service et pas (l'inverse). Ça, c'est très important pour nous, a-t-il conclu. Le taux de participation a atteint 45% Le taux de participation aux élections législatives a atteint 45 %, a annoncé le ministre marocain de l'Intérieur, Taib Cherkaoui, devant la presse à Rabat. Le ministre faisait état d'estimations initiales à la fermeture des bureaux de vote à 19h00 GMT, pour l'élection de la première chambre du parlement. Ce taux de participation est en nette hausse par rapport à celui de 37 % aux législatives de 2007. Le scrutin s'est déroulé dans un contexte normal, et un climat de mobilisation et de responsabilité, a assuré le ministre. Quelque 13,5 millions de Marocains étaient appelés à élire 395 députés du parlement, un scrutin avec pour enjeu une possible percée du parti de la Justice et du développement (PJD, islamiste modéré). Près de 39 000 bureaux de vote ont été mis en place par les autorités marocaines pour assurer le bon déroulement du scrutin, selon le ministère marocain de l'Intérieur.