Une centaine de personnes sont sorties dimanche dans la rue à Paris pour dénoncer la «mascarade électorale» du 25 novembre dernier au Maroc et crier leur «colère» et leur détermination à continuer à lutter pour un «Maroc meilleur». Répondant à un appel du Mouvement marocain du 20 février Ile de France, les manifestants, rassemblés place Trocadéro, portaient des banderoles sur lesquelles on pouvait notamment lire «le pouvoir sème la misère, récolte le boycott et la colère», et «Maghzen dégage!». Ils scandaient des slogans hostiles au palais royal tels que «Assez le pillage, exigeons le partage» et «libérez les prisonniers politiques au Maroc». Pour le président de l'Association des travailleurs maghrébins de France (ATMF), Driss El Khorchi, ce rassemblement a pour objectifs d'exprimer encore une fois le «rejet» d'une Constitution, amendée l'été dernier, à l'élaboration de laquelle le «peuple marocain n'a pas été associé» et des derniers résultats électoraux (législatives) jugés «très contestables, du point de vue du taux de participation (45%) et de la manière dont ils se sont déroulés». «Dès le départ, nous avons opté pour le boycott parce ce sont des élections imposées par le Palais et que la Constitution votée en juillet dernier n'émane pas du peuple. Et le fait qu'une majorité (55%) de Marocains n'ait pas participé à cette mascarade électorale mérite d'en tenir compte», a indiqué ce responsable associatif, également membre du Mouvement du 20 février. Un autre militant du Mouvement, Ghassan El Hakim, a affirmé que ce rassemblement est une manière d'attirer l'attention de l'opinion publique sur un «système marocain sourd à toute revendication émanant du peuple». «Dissoudre le Parlement, changer ces visages de personnalités corrompues qu'on voit depuis des années, sont les principales revendications que nous réitérons en descendant dans la rue depuis neuf mois», a-t-il rappelé, contestant l'image donnée par la presse occidentale d'un «Maroc qui avance avec son roi vers le progrès». «On est là pour dire : non, ça ne se passe pas comme ça et que nous aussi on représente les 55% des gens qui n'ont pas voté», lors des dernières législatives anticipées au Maroc, a-t-il ajouté. Les manifestants auxquels se sont joints des militants de partis politiques français dont notamment le PCF, ont, par la suite, marché en direction de l'ambassade du Maroc, situé à quelque 500 mètres du Parvis des droits de l'homme. Sur place, un sit-in de plus d'une heure s'est tenu et au terme duquel une représentante du mouvement du 20 février en Ile de France a lu une déclaration dans laquelle elle a rappelé les principales revendications du Mouvement, à savoir une Constitution démocratique élaborée par une assemblée constituante élue par le peuple, la dissolution du Parlement et la destitution du gouvernement, et la libération des prisonniers politiques et d'opinion. Selon l'oratrice, qui s'exprimait sous une pluie battante, les dernières élections constituent un «échec» des réformes menées par le palais royal. «Les partis politiques avec le régime makhzénien essayent de créer une fausse révolution en répétant que le Maroc comme la Tunisie et l'Egypte a réussi le changement démocratique», a-t-elle soutenu, estimant que toute «illusion relative à ce changement supposé se dissipe». Les prisons marocaines regorgent de détenus politiques et d'opinion, l'étouffement de la presse est toujours à l'ordre du jour du Makhzen, a critiqué l'oratrice. Selon le secrétaire général de l'Association de défense des droits de L'homme au Maroc, Ayad Ahram, des manifestations similaires à celle de Parisb se sont tenues au même moment dans 70 villes et villages au Maroc.