«La libération de «l'indigène» passe par le refus du monde de l'interdiction, par l'affirmation de son «Je» nié par le colonisateur ne voyant qu'une masse informe et corvéable.» Frantz Fanon. En prévision de la Rencontre internationale commémorant le cinquantième anniversaire de la disparition prématurée du docteur Frantz Fanon le 12 décembre 1961, ayant pour enseigne «Frantz Fanon aujourd'hui», qui se tiendra du 6 au 7 décembre, une conférence de presse organisée par l'agence algérienne pour le rayonnement culturel (Aarc) sous l'égide du ministère de la Culture, s'est tenue à la salle baptisée en son nom, sise à Ryad El Feth, ce dimanche 4 décembre. Cette conférence de presse, animée par le Pr Slimane Hachi, directeur du Centre national de recherches préhistorique, anthropologique et historique, en compagnie de M. Mustapha Heddab, psychiatre et M. Ben Mhidi, chargé de la communication auprès de la direction de l'Oref, était principalement axée sur les idées révolutionnaires de cet homme défini comme étant l'un des fondateurs du courant tiers- mondiste. Psychiatre de formation, il occupa le poste de médecin chef à l'hôpital Joinville de Blida, en 1953 où il introduit des procédés modernes en «psychothérapie» qui s'accommodent à la culture des indigènes. C'est par ces méthodes et le côtoiement des populations musulmanes qu'il trouva réellement un terrain propice pour mettre en valeur ses idées révolutionnaires. Il dut quitter son poste pour rejeter dans son ensemble la politique discriminatoire et avilissante de tout un peuple par un colonialisme déshumanisé. En effet, il rallia la cause algérienne au plus fort de son combat ce qui lui vaudra d'être expulsé de cette terre qui en a fait sienne. Mr Hachi brossa un large tableau sur son parcours professionnel imprégné d'un militantisme sans faille pour les causes justes. «C'était un homme qui refusait l'asservissement et l'oppression des peuples, lui qui a connu ce phénomène de discrimination durant son cycle scolaire dans l'Hexagone.» Prenant la parole, M. Heddab dira en substance que «ces rencontres permettront de traiter les côtés théorique, psychiatrique et psychologique en général de ce militant avec l'apport d'éminents scientifiques, car les pensées de cet homme entrent dans un véritable contexte philosophique.» Certes, Frantz Fanon n'est pas très connu par les nouvelles générations, alors il est plus que nécessaire de trouver cette volonté politique afin d'entreprendre, d'organiser de diffuser et de vulgariser d'une façon assez large ses idées par des colloques, des séminaires ou des rencontres plus ou moins régulières afin que son combat et ses pensées demeureront toujours d'actualité. Ses ouvrages qui traitent essentiellement du colonialisme discriminatoire et dépourvu de tout sens humain, définissent cet autre regard hautain, porteur d'une culture insolente sous son aspect dégradant loin de toute réalité civilisatrice, se traduisant le plus souvent par la négation de reconnaître les autres comme des êtres semblables. «Les rêves de l'indigène, sont des rêves musculaires, des rêves d'action, des rêves agressifs», dira-t-il dans son livre «Peaux noires, masques blancs» paru en 1952 «La libération de «l'indigène» passe par le refus du monde de l'interdiction, par l'affirmation de son «Je» nié par le colonisateur ne voyant qu'une masse informe et corvéable», ajoutant dans cet ouvrage. Frantz Fanon a su garder toute sa lucidité face à sa terrible maladie en éditant une autre oeuvre «Les Damnés de la terre», véritable bible des révolutionnaires partout dans le monde pour endiguer le colonialisme infâme dans toutes ses formes. Il quittera ce monde dans la fougue de sa jeunesse, non sans y avoir marqué en lettre d'or son nom dans la conscience universelle.