«Les réformes et lois sont destinées beaucoup plus à la consommation externe et à l'embellissement de la façade politique.» Le Front des forces socialistes (FFS) a communiqué la nouvelle liste des membres de son secrétariat national, mais aussi son programme d'action, hier, lors d'une session extraordinaire de son conseil. Une liste qui exclut son ex-premier secrétaire général, Karim Tabbou, mais qui repêche aux postes de conseillers principaux de l'actuel premier secrétaire général Ali Laskri, Ikhlef Bouaiche, Ahmed Djeddai, Ali Lemdani et Djoudi Mammeri. Par cette nouvelle équipe composée essentiellement de jeunes militants, à l'instar de Youssef Aouchiche, chargé du mouvement associatif, le FFS compte redynamiser son action et réinvestir le terrain politique. Intervenant lors de la session extraordinaire de son parti, Ali Laskri, rappelé le 18 novembre dernier par Hocine Aït Ahmed à la tête du FFS avec pour mission de «rassembler les énergies du parti», a souligné, de prime abord, le caractère national, démocratique et pacifique de l'action politique de sa formation, mais aussi son inscription dans une perspective maghrébine, tournée vers l'intégration de cette région dans un partenariat privilégié avec le Bassin méditerranéen. Une démarche, dit-il, permettant de poser les problèmes politiques et organisationnels dans un cadre stratégique. Brossant un tableau de l'état des lieux en Algérie, le secrétaire général du FFS s'est montré sceptique à l'égard des réformes entamées par le Président Abdelaziz Bouteflika. Le secrétaire général du plus vieux parti d'opposition a fait savoir que ces réformes sont plutôt destinées à la consommation extérieure, sans pour autant répondre aux aspirations des citoyens ou de la classe politique nationale. «Ces réformes et lois sont destinées beaucoup plus à la consommation externe et à l'embellissement de la façade politique; elles sont un socle pour des réaménagements au niveau du sérail», a relevé Ali Laskri, ajoutant, par là même, que ces réformes empêchent d'amorcer une dynamique et de créer un climat de changement et de démocratisation du pays. Dans le même sillage, il a qualifié les débats se déroulant au Parlement d'affligeants, de navrants et désolants. «Plusieurs mois après l'annonce des réformes, on cherche vainement une quelconque adhésion ou un quelconque intérêt des Algériens à ce processus de réformes, tant médiatisé», a-t-il soutenu, notant par ailleurs que le plus surprenant dans ce processus est surtout le «satisfecit» manifesté par les puissances occidentales, en l'occurrence les Etats-Unis et la France. Abordant l'action du gouvernement et des différentes institutions qui lui sont attachées, le premier secrétaire du FFS a indiqué que ce dernier s'est donné pour mission d'acheter provisoirement la paix sociale et réactiver en même temps ses séides et soutiens politiques. Selon lui, l'Algérie est sur un volcan qui risque d'exploser d'un moment à l'autre. «En Algérie tout indique pour le moment à l'ère du statu quo, que la crise gagne en complexité et en acuité», a précisé le premier responsable du FFS, ajoutant que de véritables décisions doivent être prises, à court terme, pour redonner des chances à un processus de transition politique et pacifique conduisant vers une démocratie.