Le premier secrétaire du FFS, Ali Laskri, a présidé hier la réunion du conseil fédéral de Tizi Ouzou et a vivement réagi à l'adoption par le gouvernement de textes relatifs à la dissolution des assemblées locales de Kabylie. « Nous n'allons pas nous taire et nous allons mettre en échec par des moyens pacifiques cette entreprise de dislocation du tissu politique régional », a lancé le premier secrétaire du FFS, qui a condamné « l'échange politicien entre la révocation de 400 élus et l'oubli des 126 victimes des événements de Kabylie ». Ali Laskri a eu des mots très durs à l'endroit des autorités qui s'essaient, selon lui, à « organiser le désordre et à reconfigurer la carte politique en éradiquant toute forme d'organisation politique moderne ». En décidant de dissoudre uniquement les APC et les APW de Kabylie, ajoute le représentant du FFS, le gouvernement cherche à « interdire dans la région toute expression politique autonome pour mieux asseoir la stratégie de domination de la société ». L'orateur a usé d'un discours radical, n'hésitant pas à faire des parallèles extrêmes au sujet des développements de la scène politique nationale. Pour lui, la « normalisation » menée au pas de charge par les autorités relève de la « pacification post-coloniale ». Le gouvernement est réduit, selon le responsable du FFS, s'agissant de la gestion de la crise de Kabylie, à trouver les moyens les plus sûrs pour « disloquer le tissu politique, économique et social de la région ». Le FFS, poursuit Laskri, se retrouve seul à « résister au coup de force illégal et arbitraire auquel se sont joints le FLN et le RND ». « Nous sommes l'espoir de la nation, des exclus et des chômeurs, pour la construction d'une alternative démocratique qui se trouve être une option extrêmement gênante pour le pouvoir », a encore déclaré le premier secrétaire du FFS. « Notre refus d'allégeance, la sauvegarde permanente de notre autonomie constituent un capital précieux pour notre crédibilité politique », souligne encore Laskri, comme pour réaffirmer l'aisance de sa formation politique à mener l'opposition sans concession face à l'ordre établi, vu que son parti n'a pas cédé au compromis avec le pouvoir depuis l'instauration du multipartisme. Il s'agit là d'une ligne de démarcation vis-à-vis d'une autre formation politique se réclamant également de l'alternative démocratique. Laskri dira, dans le même contexte, que les événements de Kabylie n'ont été que le « prolongement de ce qui s'est passé en 1992 » (arrêt du processus électoral, ndlr). En attendant le couperet du décret présidentiel portant dissolution des assemblées locales de Tizi Ouzou et de Béjaïa, le FFS a choisi de réagir sur le terrain politique en organisant en priorité la restructuration de ses instances locales. Ces dernières ont connu une longue période de vacance et d'instabilité après l'onde de choc des dernières élections locales « empêchées » par les archs. Hier, Rabah Brahimi a été élu secrétaire fédéral de Tizi Ouzou. Il aura la dure mission d'assainir le climat régnant dans les structures de base où flotte encore un malaise consécutif au départ inexpliqué de l'ex-fédéral, Mourad Kacer, absent à la réunion d'hier mais présent durant la période tourmentée de 2001 et 2002, ainsi que l'énigme de la nomination-éclair et du retrait du Dr Bouhadef du secrétariat national. La désignation de ce dernier en tant que premier secrétaire du FFS avait redonné beaucoup d'enthousiasme aux militants du parti de Hocine Aït Ahmed. L'élan a été cassé, mais le FFS espère rebondir.