Réunis depuis hier à Alger, les participants à la conférence internationale contre les guerres d'occupation proposent la création d'un comité permanent de veille. Ceux qui croient que les grandes puissances, lorsqu'elles interviennent militairement dans telle ou telle région de la planète c'est pour venir en aide aux «peuples en place», n'ont rien compris car, comme le dit la formule, «il n'y a pas d'amis, il n'y a pas d'ennemis, il n'y a que des intérêts.» Tous les invités de la Conférence internationale contre l'ingérence dans les affaires des pays adhèrent à cette idée. Organisée conjointement par le Parti des travailleurs et l'Union générale des travailleurs algériens à l'hôtel «Safir» d'Alger, cette conférence, qui réunit de nombreuses personnalités issues du monde du travail et qui militent pour la paix, se veut un rempart contre les forces du mal, lesquelles sous le couvert humanitaire, tentent de faire main basse sur les richesses des pays qu'elles envahissent. Prenant l'exemple de la Libye, la présidente du PT l'a affirmé à maintes reprises: «Si la France et l'Otan sont intervenus en Libye, ce c'est pas pour prêter main forte aux populations locales mais pour occuper le pays et piller ses richesses». Partant du constat que l'Europe traverse actuellement une grave crise, la présidente de la conférence avertit: «Les pays européens, mêmes les plus riches, sont en crise. Ils n'hésiteront pas à faire usage de la force pour occuper certains pays qui constituent pour eux un nouvel «Eldorado». Analysant la situation qui prévaut dans la Maghreb, Louisa Hanoune est catégorique: «Le nord de l'Afrique est la cible d'une intervention militaire perpétrée par l'Otan, alors que les basculements qui s'opèrent déjà à un rythme de plus en plus accéléré, sur tous les continents, aggravant les souffrances et la répression, comme produit de l'ingérence et des interventions militaires étrangères, mettent à l'ordre du jour l'avènement d'une ére de guerre généralisée et de chaos». Les destructions ouvrent la voie à la barbarie. «Nous avons tous en mémoire les images révoltantes portant atteinte à la dignité humaine, de l'ingérence étrangère prétendument humanitaire il y a vingt ans en Somalie qui a sombré dans la chaos, ruinée par le paiement de la dette extérieure», dit-elle. C'est aussi le cas de l'Irak dévasté par treize années d'embargo et sept ans d'occupation et du Soudan dont l'ingérence externe a causé en 2010 sa partition. «L'ingérence extérieure est un trait dominant dans la situation mondiale et n'exclut aucun domaine, aucun continent. Et de préciser: «L'ingérence étrangère, c'est le soutien extérieur, voire même la participation à l'organisation de coups d'Etats contre les chefs d'Etat qui font preuve de résistance aux injonctions extérieures, affichent une volonté d'émancipation de leur pays, à l'instar du soutien apporté par la CIA aux putschistes qui ont démis le président légitime, Manuel Zelaya, au Honduras, parce que sa politique a commencé à déranger les intérêts européens.» Pour Guis Ibrahim, syndicaliste malien, c'est la rétention de l'information en temps de crise qui pose problème. «Les informations en temps de crise sont monopolisées, c'est un délit qui porte atteinte à la démocratie et empêche les gens de l'exercer», souligne-t-il. Lui aussi syndicaliste, membre de la Confédération espagnole des travailleurs, Louis Gonzales a consacré son intervention aux événements qui ont ébranlé la Libye, en s'en prenant à la France et aux forces de l'Otan qui, ont déversé indique-t-il des milliers de bombes pour terroriser les populations en place avant de parader en sauveur. Clément Robert, du Parti des travailleurs libres français, est un partisan de la cause algérienne qu'il a épousée alors qu'il n'avait que 17 ans. «Avec un groupe d'étudiants, nous militions pour la paix en Algérie et étions contre cette guerre injuste déclarée à son peuple.» Selon lui, l'Algérie est toujours dans le collimateur, on ne lui a jamais pardonné sa révolte contre l'ordre qui était établi. Militants, politiques, syndicalistes, intellectuels, avocats, journalistes d'Afrique, d'Europe, d'Asie et des Amériques, tous sont unanimes: les grandes puissances tentent de redessiner une nouvelle carte du monde en ciblant les pays à déstabiliser ou à occuper pour faire main basse sur leurs richesses. C'est pourquoi, ils proposent la création d'un comité international de veille pour mettre en échec le plan qu'elles ont ourdi.