«Si je suis élu président de la République je renégocierai cet accord pour y mettre ce qui lui manque aujourd'hui», a-t-il déclaré hier sur la radio RTL. Le candidat socialiste à la présidentielle française, François Hollande, favori du scrutin, s'est démarqué de l'accord de crise trouvé la semaine dernière pour sauver l'euro sous l'impulsion du couple franco-allemand, en affirmant qu'il souhaite sa renégociation. «Si je suis élu président de la République je renégocierai cet accord pour y mettre ce qui lui manque aujourd'hui», a-t-il déclaré hier sur la radio RTL. Les sondages sont actuellement très favorables à François Hollande pour l'élection prévue les 22 avril et 6 mai prochains, même si sa campagne semble peiner à trouver son rythme. Selon la dernière enquête, il l'emporterait au second tour avec 57% des voix face au président sortant Nicolas Sarkozy, architecte avec la chancelière allemande Angela Merkel de l'accord européen. Ces déclarations introduisent un élément d'incertitude supplémentaire dans l'équation européenne, alors que les pays de la zone euro demeurent sous la menace d'une dégradation de leurs notes par les deux principales agences d'évaluation, Standard and Poor's et Moody's. Cette dernière a émis hier des réserves sur l'accord de Bruxelles, qui renforce considérablement la discipline budgétaire imposée aux Etats de la zone euro. Elle y déplore «l'absence de mesures pour stabiliser les marchés sur le court terme». Les socialistes français, dont le programme prévoit un retour à l'équilibre des finances publiques d'ici 2017, estiment que l'accord franco-allemand, élargi désormais à l'ensemble de l'Union européenne sauf la Grande-Bretagne, fait l'impasse sur les politiques de croissance. «Je ferai en sorte qu'on y ajoute ce qui manque, c'est-à-dire l'intervention de la BCE (Banque centrale européenne), les eurobonds (obligations européennes) et un fonds de secours financier - c'est-à-dire ce qui va répondre à ce qu'est aujourd'hui la pression des marchés - et enfin il faut qu'il y ait de la croissance», a affirmé François Hollande, sans indiquer comment il pourrait en convaincre Angela Merkel. Plus ouverts à quelques-unes de ces idées, les sociaux-démocrates allemands ne peuvent espérer arriver au pouvoir qu'à l'automne 2013. A très court terme, le point de blocage majeur entre la droite et la gauche en France réside dans la «règle d'or budgétaire», l'un des axes de l'accord de Bruxelles. François Hollande a rappelé hier son opposition à cette clause qui prévoit d'inscrire dans la Constitution de chaque Etat l'obligation de conserver des finances publiques à l'équilibre. «Je ne suis pas dans cette logique» de faire voter une règle d'or. «On pourra faire voter toutes les règles d'or dans tous les pays, (...) s'il n'y pas de croissance, aucun des objectifs ne sera atteint», a-t-il ajouté. Il a ainsi repoussé un appel du pied du gouvernement qui, pour faire rapidement adopter ce principe, a besoin des voix des parlementaires socialistes. Une majorité des trois cinquièmes des députés et sénateurs est nécessaire à toute réforme constitutionnelle. Si le nouveau traité européen est prêt en mars, comme le souhaitent les 26, la France devra attendre l'issue de la présidentielle puis des élections législatives, qui suivront en juin, pour mettre cette règle d'or à l'ordre du jour parlementaire. «Il serait paradoxal que ce traité soit bloqué pendant trois mois parce qu'il y a une élection présidentielle en France», avait estimé samedi la ministre du Budget, Valérie Pécresse, faisant appel au sens de «l'intérêt général» de l'opposition socialiste. «J'appelle les socialistes à re-réfléchir une nouvelle fois (...) Pour nous l'élection présidentielle n'est pas une boussole. Nous voulons protéger les Français», avait-elle ajouté.