Khelil Abdelmoumene, secrétaire général de la Laddh, analyse le phénomène. Le renforcement de l'indépendance de la justice et la liberté d'expression, sont au coeur de la lutte contre la corruption et de tout ce qui découle de ce dangereux phénomène qui gangrène la vie sociale, politique et économique des pays. Plus grave encore, «c'est la destruction des consciences et de la vie humaine en général» et qui se répercute directement de manière négative sur toute l'existence humaine et les organisations politiques et économiques des pays, selon des membres de la cellule nationale de lutte contre la corruption et la protection des deniers publics, qui ont animé hier, une conférence de presse au siège de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme (Laddh) à Alger. Et pour preuve, en si peu de temps, la cellule nationale de lutte contre la corruption et la protection des deniers publics qui a été créée au mois de mars 2011, a démontré dans une enquête qu'elle à menée sous forme de sondage d'opinion (questionnaire détaillé) dans 24 wilayas du pays, que le manque de confiance des Algériens en leur administration est flagrant. Sur un échantillon de 1600 personnes, qui ont répondu au questionnaire, il est à noter que 85% estiment que les peines prononcées dans les affaires de corruption sont légères, malgré la gravité des faits qui sont reprochés aux auteurs. «Par le passé, il y a eu des sanctions allant jusqu'à la prison à perpétuité dans les affaires de corruption. Actuellement, le maximum est de 10 ans. Cela dit, on peut sacrifier sa vie pour accaparer des bien publics en contrepartie des dizaines de milliards pour assurer l'avenir de tous ses descendants», a tonné Mustapha Atoui, coordinateur de la cellule de lutte contre la corruption malgré les réformes qui ont été engagées. Les citoyens ne font pas confiance aux instituions, notamment le secteur de la justice, d'où le silence, la complicité, la faiblesse des instruments judiciaires, le manque d'engagement politique de manière concrète, ce qui pousse les différentes parties concernées à plus de réticences à dénoncer les affaires de détournement des biens publics, de crainte de se retrouver impliquées en plus des exigences socioprofessionnelles qui empêchent les Algériens de déposer plainte systématiquement. La cellule nationale de lutte contre la corruption a même invité les citoyens qui ont des dossiers de corruption avec preuves à l'appui, de se rapprocher de la Ligue algérienne des droits de l'homme (Laddh), pour faire part de leurs inquiétudes et préoccupations et qui y va de l'intérêt général. De son côté, Khelil Abdelmoumene, secrétaire général de la Laddh, a eu ces mots: «L'affaire Oultache a été traitée mais pas les autres affaires de même envergure qui n'ont pas eu le même traitement juridique.». L'instrumentalisation de la justice est dénoncée, d'où la nécessité de l'indépendance de cette justice qui doit être équitable avec tous les Algériens quel que soit le statut. Extrait du tableau de présentation des résultats du questionnaire Nombre de l'échantillonnage: 1600 personnes. Distribution de l'échantillon selon la variable des sexes: homme 62% femmes 38% - wilayas concernées par l'enquête sondage: Jijel, Saïda, Skikda, Annaba, Constantine, Médéa, Ouargla, Oran, El Bayadh, Boumerdès, Tipasa, Aïn Témouchent, Ghardaïa, Chlef, Laghouat, Batna, Béjaïa, Biskra, Blida, Bouira, Tlemcen, Tiaret, Tizi Ouzou, Alger, Djelfa. Distribution de l'échantillon selon la variable de l'âge: de 18 à 40 ans. pourcentage 56,4%. 41 à 55 ans: 31.2%. Etudiants: 19,9%. Fonctionnaires: 51%, chômeurs: 16,6%, fonctions libérales: 12,6%. Distribution de l'échantillon selon la variable du niveau d'instruction: études supérieures: 30%. Autres études: 70%. Pour 82% des personnes sondése la corruption est un crime. Pour 15%, la corruption est un délit. Pour 2%, la corruption est une contravention. Pour 1%, c'est sans réponse. Degré des peines prononcées contre les affaires de corruption: 85% pensent que les peines prononcées sont légères: 14% sévères, 1% sans réponse. Support à la base de poursuites judiciaires dans les affaires de corruption, lettres anonymes 30,9%. A base des articles de presse: 31,4%. A base de dénonciation: 29,1%. A base de dépôt de plainte: 30%. Dénonciation de la corruption auprès d'organismes, auprès de l'opinion publique: 46,1%. Autorités judiciaires: 36,8%. Autorités administratives: 30,3%. Les freins qui empêchent de révéler les faits de la corruption la gêne d'être traité de délateur (informateur): 17%. La crainte d'être impliqué dans l'instruction: 51,8%. Absence de documents comme preuves: 43,9%. Protection des témoins: 88% - sans réponse: 10% se sentent protégés. 2% se sentent non protégés.