Le ministre de la Santé a révélé qu'une surfacturation de 94 millions de dollars de plus par rapport au tarif appliqué sur le marché international a été relevée. La polémique enfle entre Ouyahia et Ould Abbès. Le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière s'est rebellé contre son patron au gouvernement. «Chaque ministre a ses responsabilités et le rôle du Premier ministre est de coordonner entre les ministères», a-t-il clairement dit hier, en marge de la pose de la première pierre du projet portant réalisation d'un centre de maternité à Aflou. Le ministre a nié, au début, l'existence dun différend entre lui et le chef de l'Exécutif. «Il n'y a aucun différend entre moi et le Premier ministre», a-t-il précisé en préambule avant de donner libre cours à ses propos. M.Ould Abbès n'a pas été tendre dans sa réponse. «Chaque ministre a une feuille de route tracée par le président de la République», a-t-il affirmé sur un ton assuré. Autrement dit, M.Ould Abbès voulait sous-entendre qu'il n'avait de compte à rendre qu'au président de la République. Persistant, Ould Abbès persiste et signe: «Je suis le seul et unique responsable du secteur.» Il y a lieu de rappeler que la polémique a commencé avec la pénurie des médicaments au niveau de la Pharmacie centrale des hôpitaux (PCH). Ce problème a mis en état d'alerte le gouvernement qui a multiplié ses réunions pour sauver la mise. Devant cet état de fait, le Premier ministre a adressé une note au ministre de la Santé dans laquelle il lui demande de présenter chaque mois un rapport détaillé sur la PCH. Dans sa note adressée le 20 octobre dernier, M.Ouyahia relevait que les autorisations d'importation avaient été délivrées aux importateurs à la fin du premier trimestre 2011 au lieu du quatrième trimestre 2010. Une note qui n'a pas a été du goût de Ould Abbès. Ce dernier a saisi l'occasion hier pour se défendre et avancer quelques vérités sur l'importation des médicaments. «J'ai parlé des lobbies mais je n'ai pas donné de noms», a-t-il révélé en précisant toutefois: «Je ne suis ni le gendarme ni le policier». Sans s'étaler sur le sujet, le ministre avoue: «J'ai touché à des intérêts forts et sensibles.» Qui est derrière ces lobbies? Y a-t-il des responsables complices? Le premier responsable du secteur s'est montré circonspect. Il n'est un secret pour personne que le secteur du médicament est un marché juteux, estimé à près de deux milliards de dollars. Le ministre a fait savoir que des surfacturations ont été découvertes. «Nous avons découvert une seule facturation pour 38 médicaments», a-t-il affirmé en faisant allusion à la liste des médicaments importés. Suite à une enquête, le ministre souligne qu'une surfacturation de 94 millions de dollars de plus par rapport au tarif appliqué sur le marché international a été relevée. «J'assume ma responsabilité», s'est-il engagé devant les journalistes. Et d'ajouter: «J'avais deux choix: soit me taire, soit je fais face.» Les propos du ministre donnent froid dans le dos sachant que le secteur du médicament est entre les mains de la «mafia». Selon Ould Abbès, le dossier est entre les mains de la douane. Interrogé à propos de la loi sur la santé, le ministre a assuré que le projet est en voie d'achèvement et qu'il sera prêt avant la fin de l'année en cours. Ce projet sera présenté à l'APN. Revenant sur l'actualité locale à Aflou, le ministre a estimé que le taux de 34% de mortalité infantile enregistré à Laghouat est très fort. Alors que la moyenne est de 22% sur 1000 naissances au niveau national, la wilaya de Laghouat dépasse de loin les normes. Le ministre a chargé sur place les responsables d'enquêter sur les raisons de ce phénomène. Ce n'est pas tout. Le ministre a également relevé un fort taux de cancéreux dans la région. En visite hier dans la région, le ministre a inspecté plusieurs chantiers dont l'inauguration d'une clinique.