Les règles du droit international n'ont pas été respectées lors de l'intervention en Libye. L'intervention de l'Otan en Libye est un cas d'école en matière de piratage de la légalité internationale, selon Hocine Maghlaoui, ancien ambassadeur s'exprimant lors d'une conférence au Crss. Il constate que le Monde arabe se résume aux pays du Golfe. Il ne revient pas au CCG ou à la Ligue arabe de prendre les décisions en faveur de l'ingérence d'autant plus que ces deux groupements ne sont pas des organisations internationales reconnues par l'ONU, dit-il. Il avertit qu'il faut s'attendre à de mauvaises surprises. Selon lui, l'ingérence va à l'encontre des principes du droit international car on se heurte au principe du respect de la souveraineté des Etats. Le principe de souveraineté est consacré par la Charte de l'ONU n'autorisant pas les Nations unies à intervenir dans les affaires qui relèvent de la compétence nationale d'un Etat. Cependant, certains pays du Nord s'estiment investis de tel droit. On intervient au Kosovo pas en Tchétchènie. En Libye, Côte d'Ivoire et pas au Bahreïn. Il y a à la base de l'intervention ou de la non-intervention soit un rapport de force soit des intérêts politiques stratégiques. «La responsabilité de protéger doit-elle être d'ordre moral ou devenir une norme juridique?» s'est interrogé l'invité du Crss. La responsabilité de protéger est ancrée dans la Charte de l'ONU. Il y a le chapitre IV qui permet au Conseil de sécurité de faire des recommandations aux parties sur des conflits susceptible de menacer la sécurité et la stabilité d'un Etat. Lors du Sommet du Millénaire on a créé la Commission de souveraineté et d'intervention, deux termes contradictoires, une équation à plusieurs inconnues. Rappelant que le droit d'ingérence humanitaire fut invoqué avec insistance lors de la guerre de 67-68 qui a vu la naissance de l'ONG Médecins sans frontières. Ces ONG sont les vecteurs de la politique des Occidentaux. Les partisans du droit d'ingérence vont trouver une autre occasion de s'exprimer lors des massacres en Afrique et en Europe durant les années 1990 où nous avons assisté à la floraison des conflits internes et guerres civiles, épurations ethniques, des conflits très lourds en pertes humaines. Leur multiplication va mettre en lumière l'absence de l'ONU qui va être sollicitée au-delà de ses capacité et qui va révéler toutes ses défaillances. C'est à ce moment là que Kofi Annan va déclarer l'insuffisance des moyens et des ressources de l'ONU. On était face à un échec collectif. En mars 2000, il va mettre en place un groupe d'étude sur les opérations de maintien de la paix. Le rapport confié à Lakhdhar Brahimi va être remis en août 2000. Il met l'accent sur les limites politiques, financières et administratives de l'ONU. Le rapport qui appelait les Etats à prendre leurs responsabilités va être applaudi par les Occidentaux.. L'ONU reçut un mandat de promouvoir un débat exhaustif sur le rapport entre la souveraineté des Etats et l'intervention. Il y avait l'intention déjà de mettre entre parenthèse la souveraineté des Etats. Il s'agissait d'essayer de concilier deux questions inconciliables aux fins de rendre impossible le massacre des populations. C'est à ce moment-là qu'est née la responsabilité de protéger par laquelle on a voulu donner un impact juridique au droit d'ingérence. Le clivage entre le Sud et le Nord est apparu sur cette question lors des sommets de La Havane et celui tenu en 2000 avant le Sommet du Millénaire. Ensuite il y a eu le sommet des non-alignés de 2003 juste avant l'intervention américaine en Irak. Ce sommet réaffirma l'utilité d'un ordre multilatéral en rejetant les actions bilatérales.