Le projet Desertec intéresse Sonelgaz «Nous ne sommes pas entrés dans Desertec, nous allons travailler avec Desertec.» L'Afrique du Nord rayonne et les Européens le savent. Leur projet Desertec, de centrales solaires et éoliennes installées dans les déserts, va lancer la course à l'énergie renouvelable. Hésitante depuis toujours sur son adhésion au projet, l'Algérie relance une nouvelle fois la polémique sur le projet Desertec. Invité de la rédaction de la Chaîne III de la Radio nationale, hier, le président-directeur général de la Sonelgaz, Noureddine Bouterfa, a tenté de remettre les pendules à l'heure. D'abord, il apporte un éclaircissement de taille. «Nous ne sommes pas entrés dans Desertec, nous allons travailler avec Desertec. C'est quand même une petite nuance. N'empêche, nous allons sur des projets communs. Les difficultés que nous avons identifiées sont reconnues», a déclaré le premier électricien. Voilà donc ce qu'il a expliqué avant de poursuivre simplement que l'Algérie, en tant qu'Etat, n'a rien signé avec Desertec. «Desertec est une initiative entre opérateurs industriels. Sonelgaz a signé un protocole de coopération stratégique avec DII pour développer l'énergie renouvelable au niveau local et au niveau international avec un certain nombre d'axes de coopération», a-t-il indiqué comme pour parler de la signature, à Bruxelles, d'un mémorandum d'entente entre la Sonelgaz et l'entreprise allemande Desertec Industry Initiative (DII).. Il s'agit, selon lui, d'un accord qui porte sur l'élaboration d'études communes afin de déterminer les technologies les plus performantes et d'identifier les obstacles juridiques et physiques qui empêchent le transfert de l'électricité du Sud vers le Nord. «Le projet des énergies renouvelables est à long terme. Il faut voir, dans l'intervalle, s'il n'y a pas une spécificité algérienne qui permettrait d'aboutir aux mêmes besoins que l'Europe en matière d'énergie», a-t-il noté. Tout compte fait, le projet Desertec intéresse Sonelgaz, selon M. Bouterfa, mais «dans la mesure où l'initiative revient au principe algérien de dire oui aux énergies renouvelables mais avec une composante locale pour la fabrication d'équipements», a-t-il souligné. Selon lui, «on est passé d'un concept de l'utilisation de l'énergie à celui d'examiner l'amont de l'énergie. C'est-à-dire, la fabrication et les moyens de production. Il y a donc la nécessité de développer le génie local et mettre à contribution les capacités nationales», a-t-il soutenu. A l'origine, le projet consistait à fabriquer l'énergie au Sud pour les besoins du Sud, une partie de cette énergie devait être transférée en Europe, à long terme, aux alentours de 2050. En effet et pour rappel, Desertec est un concept éco-énergétique de grande envergure qui a vu le jour en 2003. Il prévoit l'exploitation du potentiel énergétique des déserts afin d'approvisionner durablement toutes les régions du monde en électricité. Abordant l'exportation, il précise: «Le passage physique par l'Italie et l'Espagne pose des problèmes qu'il va falloir régler en matière de pays de transit», a précisé le P-DG de la Sonelgaz. Pour lui, «tout le travail maintenant est d'essayer de trouver les bonnes formules». Rappelant que produire de l'électricité dans le Sud avec transfert vers l'Europe était une idée algérienne exprimée en 1993 à Tunis, M.Bouterfa a estimé que «nous avons amené les promoteurs de Desertec à admettre qu'il ne peut pas y avoir de développement des énergies renouvelables sans une composante locale. Car, si nous n'importons que les équipements, cela équivaut à l'importation de notre soleil! Nous voulons notre soleil et voir les Algériens travailler», a-t-il expliqué. Le P-DG de Sonelgaz a précisé que depuis 2011, «le pays dispose d'un programme clair en matière de développement d'énergies renouvelables. Nous réservons 10.000 mégawatts pour l'exportation. Cela est ouvert à tous les partenaires. Nous allons travailler avec tous ceux qui veulent entrer dans ce schéma. La DII Desertec s'inscrit bien dans ce schéma» Par ailleurs, M.Bouterfa a souligné que l'Algérie n'a pas pu concrétiser le projet d'interconnexions électriques avec l'Espagne et l'Italie engagé dans les années 2000. Pour lui, il s'agit de problématiques de long terme. «Dans l'intervalle, il y a des solutions que nous allons examiner avec Desertec comme le Swap, solaire-gaz par exemple. Sur ces concepts, il y a de la matière, nous allons travailler dessus», a-t-il indiqué. Enfin, ce projet pharaonique, qui ambitionne de produire de l'énergie dans les déserts de cette région afin de la transporter vers l'Europe, commence à prendre forme, et... l'Algérie maintient toujours la polémique.