«La situation au Sahel s'est aggravée au lendemain des événements de la Libye», a affirmé M.Medelci. Au-delà des efforts individuels déployés sur les territoires des pays qui font face au terrorisme, la coopération mondiale demeure une stratégie, pour le moins qu'on puisse espérer, nécessaire et indispensable pour affronter ce phénomène grandissant. Nombreux sont les experts qui optent pour la mise en oeuvre d'un processus de coopération qui est à l'évidence le moyen que redoutent le plus les réseaux terroristes. Plus actifs au niveau du continent africain et plus particulièrement au Sahel, une zone devenue «sinistre» depuis l'éclatement des conflits en Libye, les réseaux terroristes qui obéissent tous à la nébuleuse Al Qaîda au Maghreb comptent dans leur logique criminelle, transporter leur base depuis l'Afghanistan, au Sahel. La connexion entre les différentes organisations qui activent en Afrique et leur allégeance à Al Qaîda sont autant de nouvelles donnes qui vont permettre, à ne pas en douter, de donner forme à une coopération internationale plus précise. Abordant le contexte sécuritaire qui prévaut actuellement au Sahel à Moscou, où il effectue une visite de travail de deux jours, le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, fera remarquer que «la situation au Sahel s'est aggravée au lendemain des évènements de la Libye et la dispersion de tonnes d'armes sophistiquées qui circulent dans tous les pays de la région». M.Medelci qui s'exprimait devant un parterre de diplomates, universitaires et chercheurs russes, ne manquera pas de souligner que d'autres facteurs encouragent l'émergence du phénomène relativement à la pauvreté et aux trafics en tous genres. A cet effet, et lors d'une intervention à l'égard de la revue russe La Vie internationale, il précise que «la région du Sahel souffre de problèmes de sous-développement et d'insécurité, qui doivent être résolus de manière conjointe et globale, notamment à travers la stabilisation des populations locales et l'amélioration des conditions de vie». A ce sujet, le ministre soutiendra la contribution de l'Algérie, en faisant part de la réalisation du projet d'intégration sous-régionale, de la route Transsaharienne, désormais réalisée à plus de 80%, ainsi que la réalisation de projets de développement pour les pays concernés. Dans son intervention, il mettra en exergue la participation active de l'Algérie, concernant la sécurité et sa prise en charge par les pays du Sahel eux-mêmes. A ce propos justement, il soulève que «si les pays du Sahel sont directement concernés par leur devenir en termes de sécurité et de développement, cela n'exclut pas la coopération avec d'autres pays quand celle-ci s'avère nécessaire». Il soutien notamment «que l'Algérie et la Russie sont actuellement en lutte contre le terrorisme international et qu'ils enregistrent chaque jour des avancées significatives pour l'élimination de ce fléau pour la sauvegarde de la sécurité de nos pays et celle de l'ensemble de la communauté internationale». Ce fut l'opportunité pour le chef de la diplomatie algérienne de rappeler «que le terrorisme n'a pas de frontières et que ses objectifs et ses moyens sont de dimension transnationale», plaidant pour «une démarche collective, solidaire et opérationnelle de tous les pays, avec l'appui des organisations internationales et régionales». Le ministre interviendra également pour reparler du problème du paiement des rançons aux terroristes. Celle-ci est très «dangereuse» et la plus «immorale» et doit cesser au nom du respect des droits de l'homme, visés par les armes et les explosifs achetés avec le produit de ces mêmes rançons. Tout en saluant la prochaine tenue à Addis-Abeba du Forum d'affaires international Russie-Afrique, qui aura lieu jeudi et vendredi prochains, il ajoutera: «Nous sommes convaincus que l'Afrique saura mériter l'engagement de la Russie pour la paix, la sécurité et la disposition affirmée de ses entreprises à investir dans le Continent». Il n'en demeure pas moins que la lutte contre le terrorisme dans le monde doit se concrétiser par une collaboration inconditionnelle, permettant un échange d'expérience et d'information. Dans ce contexte, des experts américains avec lesquels les Algériens se sont entretenus à plusieurs reprises, appellent à une meilleure coopération de l'Afrique pour lutter contre les extrémistes. N'excluant pas une menace aux Etats-Unis, le général Carter Ham, chef du commandement des Etats-Unis pour l'Afrique, Africom, avait laissé entendre que la lutte contre le terrorisme doit être sans relâche, en prévenant qu'«il fallait se préparer à l'émergence possible d'un réseau de terroristes sur le Continent qui prendrait pour cible la région et les Etats-Unis». Il avait également mis en garde contre l'intention des groupes terroristes en Afrique à l'image de Boco-Haram nigérian et le Shebab somalien, de collaborer plus étroitement et de synchroniser leurs actions.