Comme les Etats-Unis d'Amérique, l'Europe est préoccupée par la situation qui prévaut actuellement au Sahel relativement à l'insécurité en Libye et la prolifération des armes. L'Union européenne a formulé le souhait d'assister les pays qui luttent contre le terrorisme par des aides logistiques. C'est dans ce contexte que s'est tenue à Bruxelles, une rencontre en présence de l'Algérie, la Mauritanie, le Niger, le Mali et des responsables de l'UE. Le ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, Abdelkader Messahel, et les représentants des autres pays du champ ont eu des discussions à huis clos avec la chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton. Messahel s'est aussi entretenu avec le commissaire européen à l'Elargissement et à la Politique européenne de voisinage, Stefan Fûle. Le commissaire européen a fait savoir que les avancées politiques en Algérie, couplées à la Politique européenne de voisinage rénovée constituent un moment favorable à la refondation des relations entre l'Algérie et l'Union européenne. Ces rencontres permettent de considérer les pays du champ comme un regroupement développant une stratégie partagée. La menace terroriste est perçue de la même manière, a indiqué Messahel. Pour le ministre délégué, cette rencontre constitue une étape dans le processus de construction d'un partenariat de lutte contre le terrorisme qui s'inscrit dans les stratégies mondiales, le crime transnational organisé et la pauvreté, conduites sous l'égide des Nations unies. Cette réunion permet, en outre, de réitérer les besoins des pays du champ pour assurer avec une aide logistique le partage du renseignement. Le représentant de l'Algérie a rappelé que l'Union européenne a élaboré une stratégie sur le Sahel visant dans l'un de ses dispositifs, à contribuer avec 450 millions d'euros au développement socio-économique des pays en question. Dans ce cadre, Messahel annonce qu'une rencontre internationale sur la sécurité au Sahel sera organisée d'ici le mois de février 2012 dans l'un des pays du champ. Il est prévu la participation de pays comme le Nigeria, le Tchad, le Burkina Faso, la Tunisie, le Maroc et l'Egypte. Il est également clair que d'autres puissances comme les Etats-Unis sont satisfaits des résultats de la coopération dans la lutte contre le terrorisme entre l'Algérie et les autres pays du Sahel. Daniel Benjamin, le coordonnateur pour le contre-terrorisme au département d'Etat américain évoque des rançons remises à Al Qaîda au Maghreb «qui a réussi à remplir ses coffres avec l'argent des rançons provenant des enlèvements». Et d'ajouter dans ce contexte, «une pratique que d'autres groupes d'Al Qaîda ont adoptée au vu de ses avantages considérables, et ce à cause de cette volonté de certains pays riches occidentaux à payer les preneurs d'otages». Une critique destinée à des pays européens qui continuent de verser les rançons. Les propos de Daniel Benjamin sont encore plus précis lorsqu'il souligne: «Qu'il s'agisse de la lutte contre le terrorisme en Afrique du Nord ou dans les autres parties du continent, les Etats-Unis veulent non seulement que cette région dirige elle-même ses efforts de lutte contre le terrorisme, mais adhère aussi à l'idée selon laquelle les problèmes africains sont mieux résolus par des solutions africaines.» Dans la logique du développement de son analyse, le responsable américain ne manquera pas de mettre en relief la relation entre la situation au Sahel et les événements en Libye. Il soutient l'existence d'une combinaison de ces ressources financières avec les efforts d'Al Qaîda tendant à tirer avantage des flux et de l'instabilité en Libye. Ce qui suscite plus d'inquiétude sur la trajectoire de ce groupe. A ce sujet, il souligne: «Ces inquiétudes reposent particulièrement sur la question du passage des terroristes à la lumière de l'instabilité en Libye, et la menace posée par la prolifération des armes.» En abordant ce chapitre, Daniel Benjamin a déclaré qu'au cours de ces derniers mois, les Etats-Unis ont travaillé activement, en s'engageant avec les gouvernements de la région afin de contrecarrer les menaces induites par l'instabilité prolongée en Libye. Selon lui, ceci «est particulièrement préoccupant en ce qui concerne la circulation libre de munitions provenant de stocks libyens, et la menace d'acquisition par les terroristes de missiles portables Manpads». Tout en affirmant que les Etats-Unis continueront à travailler sur ce problème avec leurs partenaires de la région, il prévient tout de même: «Ceci pourrait poser des risques importants et pour la sécurité régionale et pour l'aviation civile.» A ce sujet justement, des sources sécuritaires très au fait du contexte qui prévaut dans la région confient que certaines armes en provenance du Soudan, au profit des rebelles libyens, ont été cédées contre des sommes d'argent à des groupes terroristes affiliés à Al Qaîda au Maghreb. Ce qui complique davantage la situation. Il va sans dire que les préoccupations des Américains ne se sont pas limitées à ces seuls paramètres. Le groupe terroriste nigérian Boko Haram est évoqué par Daniel Benjamin. Bien que n'étant pas affilié à Al Qaîda, il n'en demeure pas moins que ses attaques qui se répandent au Nigeria sont également très troublantes, surtout après celle perpétrée en août dernier contre le siège de la représentation de l'ONU à Abuja. Ces attaques rappellent les cibles traditionnelles d'Al Qaîda. Daniel Benjamin ajoute: «Cette dernière et ses affiliés ont été transparents dans leurs efforts à renforcer d'autres mouvements naissants dont celui de Boko Haram.»