L'Union européenne a appelé lundi soir le reste du monde à donner au FMI davantage de moyens pour circonscrire la crise de la dette dans la zone euro, alors qu'elle peine à mobiliser seule les fonds nécessaires. Le blocage de la Grande Bretagne met donc à nu la fragilité financière d'un ensemble européen dont l'union reste de façade «L'Union européenne apprécierait que les membres du G20 (le forum des pays riches et émergents) ainsi que d'autres pays membres du Fonds monétaire international financièrement solides soutiennent les efforts visant à préserver la stabilité financière mondiale en contribuant à augmenter les ressources du FMI», a indiqué le président de l'Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, dans un communiqué. Le texte a été publié à l'issue d'une réunion téléphonique des ministres des Finances de l'UE. Un premier pas y a été réalisé. Les pays de la zone euro se sont mis d'accord pour montrer l'exemple en fournissant 150 milliards d'euros au FMI pour renflouer ses caisses «sous forme de prêts bilatéraux». Première économie de la zone euro, l'Allemagne versera logiquement le chèque le plus élevé, 41,5 milliards d'euros, devant la France (31,4 milliards d'euros), l'Italie (23,48 milliards d'euros), l'Espagne (14,86 milliards d'euros), les Pays-Bas (13,86 milliards d'euros) ou encore la Belgique (9,99 milliards d'euros). Cette enveloppe de 150 milliards d'euros de l'Union monétaire était attendue. En revanche, l'objectif fixé au dernier Sommet européen des 8 et 9 décembre de parvenir à un montant total de 200 milliards d'euros, en comptant des participations d'autres pays européens extérieurs à la zone euro, n'a pu être immédiatement atteint lundi. Le FMI dispose actuellement d'une capacité de prêt de 296 milliards d'euros (385 milliards de dollars). La Grande-Bretagne, sollicitée à hauteur de 30 milliards d'euros, a en effet campé sur son refus de mettre la main au portefeuille. Londres a suscité «l'amertume» de nombre de ses partenaires par son intransigeance, alors que beaucoup s'attendaient à un geste de sa part, selon une source européenne. La déception a été d'autant plus grande que le gouvernement britannique s'est justifié en excluant tout soutien ciblé en faveur de la monnaie commune. «Le Royaume-Uni a toujours été prêt à envisager des ressources supplémentaires pour le FMI mais pour sa mission mondiale», autrement dit pas spécifiquement pour aider la zone euro, et «dans le cadre d'un accord global» impliquant les pays non européens du G20, a indiqué un porte-parole du gouvernement britannique. Or, jusqu'ici le G20 n'a pu se mettre d'accord sur un effort concerté visant à accroître les ressources du FMI. La Bulgarie a emboîté le pas à Londres en indiquant officiellement lundi soir qu'elle «ne prendra pas d'engagements financiers» envers le FMI. A Washington, le FMI a néanmoins «salué» le soutien des ministres des Finances de l'UE «à un accroissement substantiel des ressources du FMI, au moment où nous travaillons à renforcer nos capacités à assumer nos responsabilités systémiques envers nos Etats membres dans le monde». Mais, au sein de l'UE, l'attitude de la Grande-Bretagne risque d'attiser un peu plus les tensions nées déjà du refus de Londres d'autoriser au cours du dernier sommet un changement du traité de l'UE pour renforcer la discipline budgétaire des pays de la zone euro. Des tensions qui se sont ensuite transformées en échanges acides entre Paris et Londres sur la situation économique du Royaume-Uni.