Face à la crise financière persistante, la zone euro n'a pas réussi à s'entendre lundi soir pour décider de solutions plus radicales telles qu'une augmentation de son Fonds de secours pour les pays en difficulté ou des emprunts obligataires communs. Ce sujet a été discuté lors d'une réunion des ministres des Finances de l'Union monétaire, qui s'est tenue en présence du directeur général du FMI Dominique Strauss-Kahn. La situation s'est un peu apaisée mais les marchés gardent dans leur ligne de mire les pays les plus fragiles, comme le Portugal, la Belgique et l'Espagne. Face aux craintes de contagion, et alors que l'annonce d'un plan d'aide de 85 milliards d'euros pour l'Irlande n'a pas totalement convaincu, les ministres des Finances envisagent des options plus radicales. Parmi celles ci, figure l'idée de créer des "euro-obligations", des emprunts lancés en commun par plusieurs Etats pour mutualiser les risques et éviter que les pays les plus fragiles ne soient attaqués par les spéculateurs. Le chef de file des ministres des Finances de la zone euro Jean-Claude Juncker et le ministre italien des Finances Giulio Tremonti ont relancé l'offensive lundi, dans une tribune au quotidien Financial Times. Mais ils n'ont pas rencontré un grand succès. "Nous n'en avons pas discuté", a dit M. Juncker à l'issue de la réunion, soulignant que "ce n'était pas vraiment un point au programme". Il a cependant défendu son idée "pas aussi stupide que ça en a l'air". L'Allemagne, qui jouit des taux obligataires les plus bas en Europe et refuse de payer pour les autres, a fait savoir clairement son opposition. Un avis partagé par l'Autriche. Son ministre des Finances Josef Pröll a dit avoir une opinion "très, très critique" sur cette question car elle reviendrait selon lui à faire payer les payx vertueux pour les pays laxistes. La Commission européenne, elle, a exprimé son scepticisme. Les Européens sont également apparus divisés sur une autre option à l'étude: des ressources plus élevées pour le Fonds de secours destiné aux pays de la zone euro en difficulté, mis en place au printemps et dont l'Irlande va profiter. Il est doté actuellement de 440 milliards d'euros de garanties de prêts des Etats de la zone euro, dans le cadre d'un dispositif plus large de 750 milliards d'euros, avec 250 milliards de prêts du FMI et 60 milliards de l'UE. Le président de la Banque centrale européenne Jean-Claude Trichet a appelé à augmenter sa capacité si nécessaire. Et le Fonds monétaire international y est aussi favorable. Le directeur général du Fonds monétaire international (FMI), Dominique Strauss-Kahn, est favorable à une nette augmentation par rapport à l'actuel Fonds européen de stabilisation financière habilité à lever jusqu'à 440 milliards, avec la garantie des pays de la zone euro. Autre question : la manière dont pourraient intervenir, après 2013, les pays non membres de la zone euro. Faut-il les laisser accorder des prêts bilatéraux de leur côté, comme le font le Royaume-Uni, le Danemark et la Suède pour l'Irlande? Ou les associer plus étroitement au futur mécanisme? " Nous ne voulons pas gêner les décisions de la zone euro, mais nous ne serons pas partie prenante au mécanisme de l'après-2013, expliquait Londres hier. Dans notre participation au plan de sauvetage irlandais, mais aussi à l'avenir, nous souhaitons suivre les règles du FMI plutôt que celles de la zone euro. " La Commission européenne, déjà fort occupée par la traduction juridique du rapport de la " task force " Van Rompuy sur la gouvernance économique, par la conception de ce nouveau mécanisme mais surtout par les modifications du traité qu'il entraîne, n'a aucune envie d'ouvrir un nouveau front sur les " euro-obligations ". Le commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires, Olli Rehn, trouve l'idée intellectuellement intéressante. Mais sans possibilité d'application immédiate.