Les crédits accordés aux entreprises sont en croissance permanente Il y a «beaucoup de créances non performantes», a déclaré hier, sur les ondes de la radio, le délégué général de l'Abef. Cette réalité est tellement taboue, que M.Khalfa, le délégué général de l'Association des banques et établissements financiers, Abef, a refusé de donner un chiffre ou plus de détails, malgré l'insistance de l'animatrice. «Il ne faut pas reproduire des créances non performantes. Nous sommes tenus de veiller à ce que les ressources que nous affectons au financement des entreprises soient des ressources qui tolèrent 2, 3, voire 5% d'erreurs mais pas plus», admet-il. Avant de justifier que «les créances non performantes vont diminuer avec le retraitement». Les pouvoirs publics garantissent une part du marché de la commande publique, très importante dans notre pays pour les entreprises. Ceci dit, les crédits accordés aux entreprises sont en croissance permanente. «Le montant global déjà injecté dans le tissu des PME/PMI atteindra les 1000 milliards de dinars au début de 2012», selon l'invité de la radio. Et, cela ne représente que «les 2/4 des portefeuilles PME/PMI», explique-t-il. L'effacement de dettes fiscales, des agios différés est opéré par les pouvoirs publics alors que «60% de PME sont de très, ou toutes petites tailles (TPE) représentant 4% du marché, tandis qu'il faut une taille acceptable pour affronter le marché et la concurrence formelle et informelle», précise encore le délégué de l'Abef. Les banques donnent des crédits dans le cadre de l'accompagnement des entreprises pour accéder à la Bourse. «Il y a un décalage entre le rythme de modernisation acquis au niveau des banques et celui des entreprises», a affirmé M.Khalfa sachant que le secteur bancaire reste à la traîne concernant sa modernisation. De plus, «le niveau de mortalité et de vulnérabilité est important pour nos entreprises», estime-t-il. La part des crédits affectés aux micro-entreprises est de l'ordre de «200 milliards de dinars» précise-t-il par ailleurs. Dans le même contexte, il a souligné qu'«il y a entre 400 et 450 entreprises qui sont dans les laboratoires des banques pour bénéficier de programme de sauvetage destiné aux PME privées». Celles-ci sont «soit en train de faire l'objet d'un recensement, soit d'un traitement», explique-t-il. Le traitement qualifié de difficile est négocié car il s'agit selon lui, «de mesures à caractère économique qui permettront à ces entreprises d'être dotées d'un nouveau plan de charge pour se redresser et rebondir sur le marché». Le traitement bancaire touche «l'effacement partiel ou total des agios, c'est-à-dire des intérêts non payés, le rééchelonnement (de dettes) qui peut aller jusqu'à 10 ans et un différé à un taux zéro, autrement dit, les entreprises - durant une à trois années - ne payeront plus rien puisque le Trésor public le fera à leur place», fait-il remarquer. En contrepartie, «ces aides sont conditionnées par un redressement et une viabilité forte sur le plan commercial de l'entreprise», a-t-il précisé. Les premières prévisions sur le montant de ces opérations tournaient autour de «150 à 200 milliards de dinars à rééchelonner au profit de ces entreprises et des agios non recouverts autour de 30 à 40 milliards de dinars», estime-t-il. En rappelant que «les banques et les pouvoirs publics partagent les risques dans ces opérations». Les premiers payent les intérêts durant la période de différé et les banques renoncent aux intérêts qu'elles n'ont pas recouvré. «Les entreprises qui ne sont pas viables, qui ont baissé le rideau et celles qui n'ont pratiquement pas d'existence ne seront pas concernées», a-t-il expliqué. Il s'agit en gros «des entreprises qui ont une viabilité commerciale et managériale mais qui ont un endettement lourd». L'opération touchera globalement «un millier d'entreprises» et visera, selon le délégué général de l'Abef, le coeur du tissu économique dans la mesure où ce sont «17 activités qui seront concernées par ce levain qui va permettre à ces entreprises de rebondir», indique-t-il. Et d'ajouter: «Il ne devrait pas y avoir d'exception, toutes les banques de la place souscrivent à cette opération. Cependant, outre le climat des affaires défavorable, l'entreprise n'a pas seulement des contraintes financières.» C'est pour cette raison d'ailleurs, poursuit-il, que les banques sont très exigeantes et conçoivent qu'«il ne faut pas agir uniquement sur l'instrument financier et fiscal car il y a l'aspect managérial, la prise en charge du tissu d'entreprise, la mise à niveau, la réhabilitation, la formation, la maîtrise du management». Par ailleurs, si les banques enregistrent un accroissement de l'épargne, il n'en demeure pas moins que «la capacité d'absorption du tissu économique est très faible», a encore dit M.Khalfa.