Plus d'une soixantaine de familles, fuyant les conditions lamentables des camps, ont squatté des logements. Dans la nuit du lundi, plus d'une soixantaine de familles logeant dans le camp de toile, installé au sein du stade, ont pris la résolution de quitter les conditions dramatiques dans lesquelles elles vivent. 28 appartements, situés en face du stade de Boumerdès et non loin de la cité du 11-Décembre 1960, ont été pris d'assaut cette nuit. Selon les informations recueillies sur les lieux, «les appartements qui appartenaient à l'EPRC (maître de l'ouvrage), entreprise qui tenta de les vendre sans succès, ont été récupérés par la wilaya suite à un procès. Depuis environ 7 ans, ces habitations ont été abandonnées et pourquoi ne seront-elles pas occupées par nos famille?» clament les pères de familles qui ajoutent qu'«aucun responsable de quelque secteur que ce soit ne s'est présenté après la visite des forces de police qui ont fait un simple constat puis ont rebroussé chemin». Dans le camp de toile du stade où nous nous sommes rendus, la situation des sinistrés est déplorable. Les fortes chutes de pluie, qui se sont abattues les jours précédents, ont provoqué des infiltrations de boue et ont envasé l'intérieur des tentes. Dans le reste du camp, le terrain s'est transformé en un énorme bourbier et, à certains endroits, de grandes flaques d'eau se sont constituées. La plupart des tentes étaient recouvertes par les matelas et couvertures trempées que les du camp tentaient de faire sécher. Mais malheureusement, le soleil se dissimulait derrière de gros nuages menaçants. Une grande agitation régnait au sein du camp et les familles n'ont pas hésité à dénoncer l'absence des autorités locales mais, en revanche, ils tenaient à remercier à louer les efforts des éléments de la Protection civile. Il y a lieu de signaler et que les fortes chutes de pluie ont exacerbé la tension déjà existante dans la plupart des camps de toile où des mouvements «sourds» de soulèvement commencent à prendre forme au vu et au su des forces de sécurité. Quoi qu'il en soit, les familles qui occupent les logements squattés entendent «camper sur les lieux, advienne que pourra!». Avec colère et exprimant leur ras-le-bol, les chefs de famille interpellent les autorités du pays et particulièrement le Président de la République pour honorer ses engagements et tienne ses promesses «car l'hiver est là et nous aussi. Nous ne sortirons pas des logements». Il va sans dire que cet incident qui a vite fait le tour des camps de toile risque, par conséquent, d'entraîner toute la population dans le mouvement de révolte. Les signes de protestation se sont, en effet, fait sentir à travers l'organisation de mouvements comme cela a été le cas à Bordj Ménaiel, il y a une semaine, et à certains autres endroits. Pour l'heure, les pères de famille se sont rassemblés devant le portail pour «faire face à toute éventualité».