Une membre du gouvernement transitoire a été blessée hier à Bagdad. Blix affirme que l'Irak est désarmé. La situation sécuritaire ne s'améliore guère en Irak, où hier encore, des attaques contre les forces d'occupation américano-britanniques ont été signalées dans divers zones du territoire irakien. En fait, les Etats-Unis conviennent de plus en plus qu'ils ont de sérieuses difficultés à pacifier le pays et plus que jamais, ont besoin de l'aide de la communauté internationale. Reste certes, à s'entendre sur le fond et la forme de cette aide sollicitée par Washington. Le président américain, Georges W.Bush, qui prendra la parole, mardi, devant l'Assemblée générale de l'ONU à New York, tentera de rallier les pays peu convaincus de l'opportunité de s'impliquer dans les conditions actuelles en Irak. Au fait, il est possible que profitant de son passage au siège de l'ONU, le président Bush présente le projet de résolution prévoyant la création d'une force internationale sous mandat de l'ONU et dirigée par un commandant américain. Dans une déclaration, le président Bush indique «j'aurai une meilleure appréciation après la semaine prochaine. Je serai à l'Assemblée générale, je vais faire un discours mardi matin où je rencontrerais plusieurs autres dirigeants» expliquant «La résolution de l'ONU doit promouvoir un transfert ordonné du pouvoir pour qu'il y ait un gouvernement librement élu sur la base d'une Constitution». Reste cependant que plusieurs pays, avec à leur tête la France et l'Allemagne, estiment que la résolution américaine pêche par de nombreux points, comme le souligne la France, notamment, sur le calendrier de «transfert de souveraineté» à l'Irak. Transfert maintenu dans le vague par les Etats-Unis qui estiment qu'un tel transfert n'est pas d'actualité, d'autant plus qu'ils doutent que les Irakiens arrivent à dépasser les problèmes auxquels ils sont présentement confrontés, telles la sécurité, la mise en oeuvre des institutions et la mise au point d'un projet de Constitution. Les divers commandants américains sont unanimes à dire que la situation d'ensemble ne permet pas actuellement de restituer aux Irakiens la plénitude de leurs pouvoirs, singulièrement en matière de sécurité, au moment où les attaques de l'opposition reprennent de plus belle. Ainsi, une membre du Conseil du gouvernement transitoire, Akila Al-Hachimi, a été blessée hier matin par balles près de son domicile à Bagdad. Cette attaque contre Mme Al-Hachimi est la première du genre, visant directement le Conseil du gouvernement transitoire. Vendredi déjà, le secrétaire d'Etat américain, Colin Powell, reconnaissait que «des problèmes sérieux subsistent en Irak, à commencer par la sécurité» indiquant «les commandants et les militaires m'ont parlé des nombreuses menaces auxquelles ils font face, des anciens loyalistes qui veulent le retour aux jours sombres de Saddam Hussein aux criminels de droit commun (...) en passant par les terroristes venus de l'extérieur, de plus en plus nombreux, qui viennent en Irak ouvrir un nouveau front dans leur campagne contre le monde civilisé». On se demande si la langue de M.Powell n'a pas fourché en plaçant ainsi l'occupation de l'Irak dans le contexte d'une lutte (?) entre le monde civilisé, à l'évidence l'Occident, et le monde arabo-musulman attardé? Cela n'empêche guère les Américains de s'enfoncer dans le bourbier irakien, au moment où l'ancien chef de la mission de désarmement de l'ONU, Hans Blix, persiste et signe en affirmant que l'Irak a été désarmé en 1991 et qu'il ne dispose plus d'armes de destruction massive. Dans un entretien à la radio BBC, M.Blix revient ainsi à la charge indiquant «Je ne pense pas que la guerre en Irak était justifiée» en réponse à une question, ajoutant, les Américains et les Britanniques «auraient pu attendre et continuer avec les inspecteurs pendant quelques mois» s'exclamant «la patience qu'ils (Washington et Londres) demandent aujourd'hui pour eux, n'était pas quelque chose qu'ils étaient prêts à nous accorder». En fait, au moment où les Etats-Unis offrent aux scientifiques irakiens l'immunité dans sa recherche de preuves sur l'existence d'armes de destruction massive irakiennes, Hans Blix, jette un vrai pavé en affirmant qu'il ne fait plus de doute que de telles armes n'existent pas «Je penche de plus en plus vers la conclusion qu'il n'y en a aucune et je crois que Britanniques et Américains penchent aussi vers cette conclusion».