Raids et attaques se suivent dans la capitale irakienne et dans le bastion rebelle de Falloujah. Trois attentats à la voiture piégée ont soulevé hier la capitale irakienne qui vit désormais au rythme des attaques quotidiennes qui se soldent souvent par des dizaines de morts. Hier, c'est encore un centre de recrutement de la Garde nationale, où étaient regroupés près de 400 candidats à l'enrôlement dans l'armée irakienne, qui a été ciblé faisant, selon un premier bilan 14 morts et près de 70 blessés. En septembre dernier, rappelle-t-on, un attentat similaire qui visait un centre de recrutement avait causé la mort de 47 recrues. Depuis le début de l'été, la guérilla a concentré ses attaques contre les centres de recrutement de la Garde nationale et les commissariats de police pour dissuader les jeunes désirant s'enrôler dans ces deux corps des services de sécurité, embryon, des futures forces de sécurité irakienne, déstructurées par l'invasion américano-britannique alors que l'armée irakienne est dissoute. Aussi, la reconstitution de l'armée irakienne d'une part, des forces de sécurité locales d'autre part, se heurte-t-elle à la multiplication des attentats ciblant ces deux services aujourd'hui les plus exposés de l'Irak post-occupation. Hier encore, une deuxième voiture piégée a explosé dans le voisinage de la «zone verte» le lieu le plus sécurisé du centre de la capitale où sont concentrés les services du gouvernement intérimaire et des ministères. Cet attentat n'a toutefois occasionné aucune victime. La troisième voiture piégée a explosé au passage d'un convoi militaire américain. Tant pour l'attentat contre la «zone verte» que celui sur le passage du convoi américain, l'armée américaine a, selon un communiqué diffusé hier, affirmé qu'il n'y avait eu aucune perte dans les rangs des soldats américains. En revanche quatre Irakiens ont été tués lors du troisième attentat et 20 autres blessés, selon le ministère irakien de l'Intérieur. De fait, les attentats censés cibler «l'ennemi» américain auront surtout fait des carnages parmi la population civile irakienne. Toujours à Bagad, un haut responsable du ministère des Sciences et de la Technologie a été assassiné hier, de même qu'une fonctionnaire de ce ministère, abattus alors qu'ils se rendaient à leur travail. Une voiture piégée a également explosé, hier à Mossoul, au nord de Bagdad, tuant, selon les services hospitaliers sept personnes dont deux enfants. Outre ces attentats ciblés ou non, qui ont fait hier près de trente morts à Bagdad, Mossoul et Balad Rouz -dans le bastion rebelle du nord - il faut relever la poursuite des raids américains sur la ville sunnite de Falloujah objet de bombardements incessants de l'armée américaine depuis le début de la semaine dernière. Hier, on a dénombré, selon des sources médicales locales, onze morts après les trois raids effectués dans la nuit de dimanche à lundi contre un immeuble abritant, ou refuge présumé, selon l'armée américaine, de «membres du groupe d'Abou Moussab Al-Zarqaoui» qui se préparaient, selon les mêmes sources, à de nouvelles attaques. L'un des porte-parole de l'armée américaine a indiqué à ce propos: «Des dirigeants du groupe de Zarqaoui étaient réunis sur place au moment du raid pour planifier des attaques contre des civils et les forces de sécurité irakiennes, ainsi que les forces multinationales.» Un peu curieux que des dirigeants de groupe islamiste se réunissent dans une ville et en un lieu objets de raids continus depuis plusieurs jours. Or, ces bombardements qui se veulent «chirurgicaux» ont surtout fait des dégâts parmi la population civile comme cela a été le cas lors de la sanglante offensive de vendredi sur la ville de Samara où il y a eu plus de 150 morts parmi lesquels des femmes et des enfants qui sont loin d'être les combattants recherchés par l'armée d'occupation américaine. De fait, l'objectif avoué, par l'armée américaine, à ces offensives contre les villes insoumises est de «rétablir l'ordre» dans la plus grande partie du territoire irakien afin de permettre la tenue des prochaines élections générales. Or, cette politique de la force risque en fait d'être improductive dans la mesure où l'une des causes de l'insécurité et de la violence en Irak demeure l'occupation de ce pays par des forces étrangères. Dès lors, le véritable but, celui-là inavoué, est encore de baliser le terrain pour les sous-traitants des Etats-Unis, que sont le Premier ministre intérimaire Iyad Allaoui et son gouvernement transitoire.