Depuis le 5 octobre dernier, cette ville (à 20 km de Béjaïa) vit au rythme d'une tension, atteignant parfois des proportions alarmantes, entre jeunes manifestants et services de sécurité. La bâtisse de la Sûreté de daïra, située au boulevard dit «Des insurgés» fait l'objet quotidiennement d'attaques systématiques à coups de divers projectiles et de cocktails Molotov. Aussi, chaque matin, les riverains et les usagers de la route décou-vrent une chaussée jonchée de pierres et de barricades offrant le visage d'un véritable champ de bataille. Pour en savoir plus sur les informations qui nous parviennent de cette localité et qui font état de manipulations à grande échelle, nous nous sommes rendus sur les lieux. Les citoyens, qui ont bien voulu nous entretenir, cachent mal leur ras-le-bol devant la situation qui perdure et paraissent toutefois impuissants devant ce phénomène de violence grandissante. Pour bon nombre de citoyens, il n'y a pas de doute: «Ces agitations ont pour origine une manipulation.» Les citoyens font état de manoeu-vres de certains individus - qu'on refuse de nommer - qui «payent des élèves pour enflammer la situation». Du côté des formations politiques, tout en se refusant à tout commen-taire, on nous apprend toutefois que la population d'El-Kseur a subi trop d'injustices. «En tout cas, suffisamment pour justifier cette anarchie», nous confie ce militant politique qui a requis l'anonymat. Nos interlocuteurs s'étaleront longuement sur les fléaux sociaux qui touchent de plein fouet la jeunesse locale. Le comité citoyens local explique cette violence par l'absence de réponse à la plate-forme de revendications d'El-Kseur, mais dont on se défend d'être les véritables instigateurs. La réunion avec les parents d'élèves de lundi soir a débouché sur un accord selon lequel les parents accompagneraient leurs enfants jusqu'aux établissements scolaires afin de débusquer les meneurs de ces émeutes quotidiennes qui, il faut le dire, sont à l'origine de l'abandon de plusieurs familles de leurs habitations situées sur le boulevard où se déroulent les affrontements. Les jours à venir connaîtront un retour au calme, la volonté du comité qui retrouve à sa tête M.Ali Gherbi et la prise de conscience des parents sur la dérive qui guette leurs enfants contribueront certainement à normaliser la situation. C'est en tous les cas, le souhait de la population locale et des usagers de la RN 26.